Les avocats de Mélina Boughedir vont faire appel du "verdict politique" prononcé en Irak
Pour William Bourdon, l'un des quatre avocats de Mélina Boughedir, "personne ne peut douter un quart de seconde du sous-jacent politique qui, lui seul, explique cette décision".
"Ça s'impose !" William Bourdon, un des quatre avocats de Mélina Boughedir, a annoncé, dimanche 3 juin sur franceinfo, son intention de faire appel de la décision de la justice irakienne à l'encontre de sa cliente. La Française a été condamnée, dimanche matin, à Bagdad en Irak, à 20 ans de prison pour "terrorisme".
La France mise en cause
L'avocat français a également dénoncé "un verdict politique". "Il y a des relations bilatérales entre Paris et Bagdad extrêmement fortes : l'Irak est devenu un chantier gigantesque, il y a des armes qui sont vendues pour des milliards et des milliards, il y a des forces spéciales françaises", indique William Bourdon.
"Comment douter du caractère politique de cette décision et du fait que le message envoyé bien imprudemment par Jean-Yves Le Drian a été reçu cinq sur cinq par Bagdad", juge l'avocat. Me Bourdon voit, dans ce "message" du ministre, une "volonté de rester cohérent" par rapport à une "promesse" faite à l'opinion publique française que "tout sera fait pour qu'elle [Mélina Boughedir] ne revienne pas".
Il y a quelque chose d'exceptionnel dans ce dossier que chacun doit bien comprendre et entendre.
William Bourdon
William Bourdon indique que "cette jeune femme a été, il y a quelques mois, acquittée, et pas simplement sur le même dossier avec les mêmes éléments factuels, mais acquittée par le même magistrat, et il n'y a eu depuis aucun élément nouveau". L'avocat estime que "quand le même juge, sur un même dossier, passe d'une décision d'acquittement à une décision aussi lourde, personne ne peut douter un quart de seconde du sous-jacent politique qui, lui seul, explique cette décision".
Celui qui est un des quatre avocats de Mélina Boughedir "entend et comprend le fait que ces étrangers qui sont venus ici en Irak sont perçus comme ayant semé la mort, la souffrance et le chaos". Mais, pour William Bourdon, "personne ne peut se réjouir que qui que ce soit, ici une jeune maman française, soit jugé de façon aussi expéditive, même si le magistrat a tenté de sauver un peu les apparences, mais vainement et au terme d'une procédure gravement inéquitable".
"Tout n'est pas complètement joué"
Malgré la situation, William Bourdon estime que "tout n'est pas complètement joué". L'avocat rappelle qu'"un juge d'instruction antiterroriste français, auquel on demande d'accomplir un certain nombre de missions au nom de la République, qui a délivré un mandat d'arrêt international et qui considère que la place de cette jeune femme est d'être dans son bureau pour répondre de ce qui est considéré en France comme un délit, le seul fait d'avoir rejoint Daech, quoi qu'on ait fait".
Interrogé sur le fait que sa cliente échappe à la peine de mort, William Bourdon fait part d'une "forme de soulagement" : "Cette peine de mort était sur la table, donc, d'une certain façon, le pire a été évité, mais on ne peut pas, non plus, être complètement soulagé."
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