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"On est sur un ennemi qui tape partout" : en Irak, les canons Caesar de l'artillerie française ciblent l'Etat islamique en Syrie

Sur le sol irakien, des soldats français ciblent une poche de résistance de l'Etat islamique en Syrie. franceinfo vous emmène au plus près de ces artilleurs déployés dans le cadre de l'opération Chammal, aux côtés de la coalition.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des artilleurs français qui interviennent contre l'Etat islamique depuis l'Irak en menant des frappes vers la zone syrienne d'Abou Kamal, fin septembre 2018. (LAURENT MACCHIETTI / RADIO FRANCE)

La position de tir que le capitaine Damien inspecte ce matin-là se situe à proximité de la frontière syrienne, près d’une boucle du fleuve Euphrate. Le capitaine va d’un canon à l’autre, afin de mener les vérifications, auprès des cinq personnes chargées de l'engin. "Chacun a sa place, chacun a ses mouvements", explique-t-il. Les cinq militaires nécessaires au fonctionnement du canon Caesar attendent l’ordre de tir. Il viendra de Bagdad, la capitale irakienne située à 350 km de la position française, et sera donné par le colonel Thibault.

Au plus près des combats contre l'Etat islamique en Syrie, la "Task Force" Wagram, la force d'intégration intervient dans le cadre de l'opération Chammal. Ce jour-là, les soldats français ciblent un secteur que Daech conserve, à Abou Kamal, en Syrie. Depuis quatre ans, une coalition de 74 pays lutte contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Pendant cette période, l'aviation française a détruit quelque 2 500 objectifs. Deux détachement de formation sont aussi déployés en Irak, au profit des forces locales. Sur ces 1 200 Français présents sur le terrain, 120 artilleurs utilisent depuis 2016 les canons Caesar

Des artilleurs français autour d'un canon Caesar qui intervient contre l'Etat islamique en Syrie depuis l'Irak, fin septembre 2018. (LAURENT MACCHIETTI / RADIO FRANCE)

"On travaille essentiellement avec des drones américains, explique le colonel Thibault. Ils vont 'acquérir' la cible. Avec les coordonnées, on fait un scan complet de la zone. Il faut s’assurer qu’il n’y ait pas d’amis, de population civile dans la zone. Ensuite, je vais approuver le tir. Puis, aux ordres de la coalition, nous allons exécuter ce tir."  Les premiers obus partent. Le sol vibre. Le souffle des coups soulève sable et poussière. Les tirs des artilleurs s’enchaînent. La nuit, les canons français déchirent l’obscurité. Ils font bouger tentes et matériels pourtant à l’écart. 

Depuis deux ans que la Task Force Wagram parcourt l’Irak, 2 000 tirs de cette nature ont été effectués. "Pour moi, c'est génial. Je ne pouvais pas rêver mieux que d’être ici, de travailler pour quelque chose de plus grand que nous, confie le maréchal des logis Lucas. Les tirs en pleine nuit, la fatigue, ce n’est pas grave parce qu’on est tous ensemble. On est un bloc et la cohésion aide à rester debout et à avoir la patate." La chaleur, le sable, les horaires, rendent les conditions de vie pourtant sommaires. "C'est rustique", euphémise en souriant un militaire. 

Le campement des artilleurs français qui interviennent contre l'Etat islamique depuis l'Irak, fin septembre 2018. (LAURENT MACCHIETTI / RADIO FRANCE)

Selon les officiers irakiens et américains, les Français font un "fantastic job". Ils sont impressionnés par la précision du canon Caesar et par la compétence des hommes. C’est une reconnaissance et même presque une récompense pour le capitaine Corentin, le commandant de l’unité. "C’est l’aboutissement de mois d’engagement sur le terrain pour s’entraîner. Ce sont des heures de sacrifice et en arriver là, lire la la satisfaction sur la tête des gars et les voir exercer leur corps de métier ici, en Irak, sur un ennemi réel qui tape partout, c'est une satisfaction", dit-il.

En Irak, les militaires de la coalition considèrent que 99% des territoires conquis par Daech ont été libérés. Mais le groupe terroriste est toujours actif, dans des actions plus clandestines, des attentats. Ce qui fait dire au général Vigilant, le patron de Chammal, que "l’esprit de Daech rôde encore en Irak", même si le pays entre dans une phase de transition.

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