Cet article date de plus de dix ans.

Que veut montrer l'Etat islamique en mettant en scène des Français convertis ?

Un second jihadiste français est présent parmi les bourreaux sur la vidéo d'exécutions de soldats syriens. En diffusant ces images terrifiantes pour l'Occident, l'EI poursuit plusieurs buts.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une capture d'une vidéo de l'Etat islamique, diffusée le 16 novembre 2014, montrant Maxime Hauchard (à droite), un Normand de 22 ans qui a rejoint les jihadistes en 2013.  (AL-FURQAN MEDIA / AFP)

Un second jihadiste français présent sur la vidéo d'exécutions diffusée par le groupe Etat islamique (EI), dimanche 16 novembre, a été identifié mercredi 19 novembre. Il s'agit de Mickaël Dos Santos, âgé de 22 ans, identifié après Maxime Hauchard, 22 ans lui aussi. 

Selon les services de renseignements, les deux jeunes hommes se sont illustrés en Syrie dans des actions violentes. Ils ont été formellement identifiés comme les égorgeurs filmés dans la vidéo de l'exécution du travailleur humanitaire américain Peter Kassig et de 18 soldats syriens, rendue publique dimanche par l'Etat islamique. En mettant en scène des jihadistes français, convertis à l'islam, quel message nous envoient les jihadistes de l'Etat islamique dans cette vidéo de propagande ? 

Pour Abdelasiem El Difraoui, politologue germano-égyptien auteur de Al-Qaïda par l'image, "leur message est de dire : 'Regardez, on arrive même à recruter des Normands à l'histoire banale, des jeunes qui étaient sages à l'école'." Mais faire peur aux Occidentaux n'est pas le seul but poursuivi par l'EI dans ses vidéos de propagande. Il s'agit aussi de recruter. "Chaque Européen lambda peut s'identifier à ces profils, indique, auprès de francetv info, Abdelasiem El Difraoui. C'est un message envoyé aux jeunes qui ont un penchant pour l'ultraviolence : 'Regardez, ils s'expriment comme vous, c'est à votre portée'".

Maîtrise du système médiatique

Pour autant, les Français ne sont pas mis en scène plus que les autres dans ces vidéos. "Il y a des Britanniques, des Belges, des Indonésiens, des Ouzbeks...", atteste Romain Caillet, installé au Liban, chercheur à l'Institut français du Proche-Orient et consultant sur les questions islamistes, contacté par francetv info. "Leur narration, c'est United color of jihad : un message global et universel envoyé au monde pour montrer qu'ils veulent imposer le jihad partout." Ce phénomène n'est pas nouveau : "Dans une vidéo d'une heure, intitulée 'Flames of war', mise en ligne en septembre, la scène ultime c'est un Américain qui fait un discours avant une exécution collective", précise Romain Caillet.  
 
Un message universel qui terrifie en Europe et aux Etats-Unis. Les jihadistes le savent bien. "Ils ont parfaitement compris le fonctionnement du système médiatique occidental. A chaque nouvelle vidéo, nous sautons dessus. Nous jouons le jeu de l'Etat islamique en surréagissant, estime Abdelasiem El Difraoui. Au lieu de relayer cette propagande, nous devrions nous demander pourquoi elle fonctionne. Pourquoi de jeunes Français y sont sensibles et se font embrigader ? Nous devrions nous poser les questions de fond." 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.