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Sommet sur la Syrie : l'Occident veut "un État fort pour empêcher le retour de l'État islamique"

Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen revient sur franceinfo sur le sommet entre la Turquie, la France, l'Allemagne et la Russie qui se tient à Istanbul sur l'avenir de la Syrie. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Les dirigeants turc, allemand, russe et français réunis à Istanbul pour un sommet sur la Syrie, le 27 octobre 2018.  (KAYHAN OZER / AFP)

"Il y a une certaine conviction en Occident qui s'appuie sur la nécessité d'avoir un régime ou un État fort en Syrie pour empêcher le retour de l'État islamique", a indiqué samedi 27 octobre sur franceinfo Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) à Genève en Suisse. Alors qu'un sommet quadripartite se tenait samedi à Istanbul en Turquie sur la Syrie, Hasni Abidi est revenu sur le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad à la tête du régime syrien. Une question centrale après sept ans de guerre civile et des centaines de milliers de morts.

franceinfo : La France a-t-elle modifié sa position sur cette question ?

Hasni Abidi : Le discours a changé parce que la position du régime syrien est complétement différente. Le régime est depuis quelques années sur une position de "pris en faute" et on sait que grâce au soutien massif de la Russie et de l'Iran, il est important aujourd'hui pour l'opposition de renverser cette nouvelle configuration. Cette position est conditionnée par une transition politique, par une nouvelle constitution, par des nouvelles élections. Disons que la position aujourd'hui de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, c'est que Bachar al-Assad en tant que président peut rester, mais son avenir est suspendu à de nouvelles élections, à une nouvelle transition politique initiée par les Nations unies, mais surtout avec la présence [en Syrie], aussi, de certains pays occidentaux.

La baisse de puissance de Daesh sur ce territoire redonne de l'énergie à Damas, à Bachar al-Assad, dans ce conflit diplomatique ?

La chute de Raqqa, avant la chute de Mossoul, a renforcé l'armée syrienne et lui a permis de s'occuper d'autres bastions. L'objectif de la Syrie a toujours été de reprendre toutes ces zones, ces territoires qui ont été conquis et contrôlés par l'État islamique. Il y a une certaine conviction en Occident qui s'appuie sur la nécessité d'avoir un régime ou un État fort en Syrie pour empêcher le retour de l'État islamique. Et on sait que les derniers combats qui ont opposé des groupes de l'État islamique aux forces pro-Kurdes montrent que l'EI n'a pas été chassé de manière définitive.

En avril, la France participait à des frappes aux côtés des Américains...

Cette présence militaire des Américains est importante pour eux car de manière stratégique, leurs troupes se trouvent à cheval entre l'Irak et la Syrie, mais aussi avec plusieurs positionnements au niveau de la Jordanie. Les Américains commencent à avoir une vision de leur politique en Syrie, ce qui leur faisait défaut depuis l'arrivée du président américain [Donald Trump], c'est pourquoi il est primordial pour les États-Unis de coordonner leurs objectifs avec leurs alliés en Europe, les Français, les Allemands et les Britanniques.

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