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Syrie : l'opposition en exil tente de s'organiser en Turquie

Ils sont plus de 300, loin des manifestations et de la répression sanglante menée par le régime de Bachar-El-Assad, réunis dans la station balnéaire d'Antalya en Turquie. Une opposition syrienne qui a peu de prise sur la révolte, car la majorité vit en exil, menacée de mort ou de prison en cas de retour. _ Ce Congrès est censé donner une cohérence à cette opposition aux multiples visages, organiser le soutien aux manifestants sur place et préparer une transition démocratique et pacifique en Syrie.
Article rédigé par franceinfo
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Qui sont ces dissidents réunis dans un hôtel placé sous haute sécurité, dans la ville d'Antalya ? Le parterre est très disparate, comprenant des hommes et quelques femmes, de tous âges, confessions et ethnies, de l'étudiant-blogueur épris de démocratie aux Frères musulmans passibles de la peine de mort en cas de retour au pays, en passant par quelques factions chrétiennes ou réformateurs divers. Certains avaient déjà signé en 2005 la "déclaration de Damas" qui réclamaient des changements démocratiques en Syrie.
_ La plupart en tout cas vivent en exil, et n'ont que peu de relais dans la rue syrienne.

Sur place, en effet, la contestation ne dispose pas vraiment de leaders identifiés, plutôt des réseaux avec pignon sur Web, notamment la page Facebook The Syrian Revolution 2011, et des comités locaux de coordination, qui appellent à la mobilisation chaque vendredi, jour de la grande prière hebdomadaire. depuis dix semaines.
_ Une opposition volontairement sous-estimée par le parti Baas au pouvoir, qui estime qu'elle ne représente pas plus de 100.000 personnes. Son secrétaire général adjoint a même affirmé lundi à la télévision syrienne que c'était "les mêmes qui manifestent à chaque fois".

"Une opposition plus unie et cohérente"

Ce mouvement a néanmoins une icône désormais. Le jeune Hamza Khatib, garçon de 13 ans qui aurait été torturé à mort par la police secrète pour avoir défilé aux cris de "À bas le régime !" fin avril à al-Jizeh près de Deraa. Selon le compte The Syrian Revolution 2011, son corps mutilé aurait été remis le 25 mai à sa famille pour être enterré.
_ Une vidéo insoutenable de sa dépouille circule sur internet, mais faute de journalistes et d'autorités indépendantes sur place, personne n'a pu vraiment vérifier le récit de son martyr. Il n'empêche, les organisations de défense des Droits de l'homme estiment à plus d'un millier le nombre de manifestants tués depuis deux mois et demi.

Les opposants qui tiennent congrès à Antalya jusqu'à vendredi se sont donnés pour mission de se structurer en "opposition plus unie et cohérente", d'apporter sur place un soutien logistique et juridique aux manifestants et de préparer une transition démocratique et pacifique. Et l'annonce subite du président El-Assad d'une amnistie générale hier n'a pas modifié l'ordre du jour. Personne ne croit une seconde à l'infléchissement de ce régime. Le chef de la délégation des Frères musulmans a ainsi déclaré : " C'est Assad lui-même qui doit bénéficier d'une amnistie car il a tué son peuple. Il doit tout simplement partir [...] et être jugé pour ses crimes".

Cécile Quéguiner, avec agences

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