Tunisie, Egypte : la contagion en passe de gagner d’autres pays ?
Yémen
A Sanaa, les partisans du régime yéménite contrôlent la place Tahrir (place de la Liberté), haut lieu de la contestation populaire comme celle du Caire. Ils ont renforcé leurs positions pour faire barrage aux manifestants qui réclament le départ du président Ali Abdallah Saleh.
_ Des tentes, montées de portraits de Saleh, ont été dressées sur la place, fortement contrôlée par des hommes en armes, les forces de sécurité et les militants du Congrès populaire général (CPG).
Le parti au pouvoir a pris la place mercredi, en délogeant l'opposition qui a dû se replier et aller manifester aux abords de l'université de Sanaa.
_ Le régime entend ainsi priver l'opposition de cette place où elle organise des manifestations populaires depuis la mi-janvier, dans la foulée de la révolte tunisienne et des manifestations violentes en Egypte.
Pour tenter de calmer la rue, le président s'est engagé à ne pas briguer de nouveau mandat en 2013 et à ne pas transmettre le pouvoir à son fils.
Jordanie
Environ un millier de personnes s’est rassemblé à Amman à l’issue de la grande prière du vendredi pour, une nouvelle fois, exiger des réformes et soutenir la révolte du peuple égyptien. La manifestation à l’appel du Front de l’Action Islamique (FAI), principale force d’opposition soutenue par les partis de gauche, est organisée devant les bureaux du Conseil des ministres.
Le FAI n’appelle pas à un renversement du régime dans le royaume, mais réclame des réformes politiques. "Nous voulons une loi électorale satisfaisante", "nous voulons vivre en liberté", "nous voulons un gouvernement qui ne sert pas les riches, mais les pauvres", scandaient les manifestants.
_ La manifestation s’est ensuite dirigée vers l’ambassade d’Egypte où elle a pris de l’ampleur.
Le roi Abdallah II de Jordanie a limogé mardi son Premier ministre pour tenter de calmer la rue qui réclamait son départ. Mais l’opposition est très critique face au choix de son remplaçant, Maarouf Bakhit.
Syrie
Un groupe a lancé sur Facebook un appel à manifester également ce vendredi en Syrie, contre "la monocratie, la corruption et la tyrannie". Plusieurs milliers de personnes ont exprimé dans la semaine leur soutien à cet appel, pourtant censuré par le régime.
Le parti Baas était déjà au pouvoir en Syrie en 1963 lorsqu’il a décrété l’Etat d’urgence, toujours en vigueur près de 50 ans plus tard. Bachar el-Assad, qui tient les rênes du pays depuis le décès de son père en 2000, assure que la Syrie est "stable" et à l’abri des troubles sociaux qui ont fait tomber le Tunisien Ben Ali et ébranlent l’Egyptien Moubarak.
_ Pourtant, les Syriens aspirent "à la justice et à la liberté", affirment des personnalités de la société civile syrienne dans un communiqué publié dimanche. Or, les seules réponses apportées jusqu'à présent par le régime ont été d’ordre économique.
Turquie
A Ankara, la police a tiré hier sur les manifestants à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Les manifestants, qui ont riposté en lançant des pierres sur les policiers, voulaient former une chaîne humaine autour du parlement.
_ Ils étaient 5.000 à 10.000, salariés et étudiants confondus, à protester contre un projet de réforme du code du travail. Le texte vise, selon le pouvoir, à assouplir la législation du travail afin de favoriser la compétitivité. Mais surtout à réduire les droits des salariés, selon les manifestants.
Iran
Les vieux dictateurs du monde arabe ont jusqu’à présent réussi à tenir, avec souvent le soutien de l’occident, en s’érigeant en rempart contre l’islamisme radical.
_ Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a appelé ce matin la population égyptienne à poursuivre sa révolte jusqu’à l’instauration d’une République islamique, un "régime populaire fondé sur la religion". Et salué le "mouvement de libération islamique" que connaît le monde arabe. Les Etats-Unis vont subir une "défaite irrémédiable" dans la région, affirme Ali Khamenei.
Gilles Halais, avec agences
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