Yémen : un pétrolier abandonné depuis 2015 en mer Rouge représente une "grave menace" pour la situation humanitaire, alerte Greenpeace
L'inspection du navire, dont l'état se détériore, traîne depuis des années entre demandes d'accès de l'ONU et refus des rebelles houthis, qui contrôlent la majorité du nord du pays.
Un pétrolier abandonné risque de provoquer une marée noire en mer Rouge. "Avec son chargement polluant de pétrole, (il) représente une grave menace pour les communautés et l'environnement de la mer Rouge", s'est alarmé Greenpeace (en anglais), jeudi 27 janvier. Vieux d'environ 45 ans et contenant 1,1 million de barils de brut, le FSO Safer est ancré depuis 2015 au large du port de Hodeida, à quelque six kilomètres des côtes du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique ravagé par la guerre et confronté à l'une des pires crises humanitaires au monde.
"Des mesures pour prévenir un désastre majeur, ou du moins limiter son impact, ne peuvent plus attendre", a prévenu Ahmed El Droubi, responsable du Moyen-Orient à Greenpeace dans un communiqué de l'ONG. D'après un rapport de Greenpeace, une marée noire pourrait entraîner la fermeture des ports de Hodeida et Salif par lesquels arrivent 68% de l'aide humanitaire, affectant potentiellement plus de 8,4 millions de personnes. Les usines de désalinisation à Hodeida, Salif et Aden pourraient également être touchées et entraîner l'interruption de l'approvisionnement en eau potable d'environ dix millions de personnes.
Transférer les barils vers d'autres pétroliers
Par ailleurs, dans ce pays au bord de la famine, la sécurité alimentaire de plus de 1,7 million de Yéménites repose sur la pêche, souligne Greenpeace, alertant sur le danger de la destruction des écosystèmes de la mer Rouge. Une fuite pourrait aussi affecter les pays riverains, notamment Djibouti, l'Erythrée et l'Arabie saoudite, ainsi que le trafic maritime commercial en mer Rouge.
L'inspection du navire, dont l'état se détériore, traîne depuis des années entre demandes d'accès de l'ONU et refus des rebelles houthis, qui contrôlent la majorité du nord du pays ainsi que les ports de Hodeida et Salif. "La technologie et l'expertise pour transférer le pétrole vers d'autres pétroliers existe, mais après des mois de négociations, nous sommes toujours dans l'impasse", a déploré Paul Horsman, chef de projet chez Greenpeace International.
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