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Reportage Coupe du monde 2022 : au cœur d'une course de dromadaires, sport numéro un au Qatar

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une course de dromadaires à Doha, en décembre 2022. (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

Le petit émirat est jusqu’au 18 décembre le centre de la planète foot, mais le Qatar se passionne surtout pour les courses de dromadaires, bien plus que pour le ballon rond. Ces courses peuvent rapporter très gros aux propriétaires des animaux.

Sur la ligne de départ de la piste Al-Shahaniya, à une quarantaine de kilomètres de Doha, une vingtaine de dromadaires patientent sur la piste ensablée. La barrière se lève et c’est parti pour l’une des courses de la journée.

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Au même moment, une centaine d’imposants 4x4 démarrent en trombe. "De chaque côté de la piste, il y a deux routes pour les voitures, explique Khaled, un Syrien qui travaille pour le comité qatarien des courses de dromadaires. Comme ça, les propriétaires des bêtes et les entraîneurs peuvent suivre la course au plus près. Personne ne monte sur les chameaux. Ils mettent des appareils sur le dos des dromadaires pour les guider. Une sorte de robot, on peut dire ça comme ça."

Exemple de robot installé sur les dromadaires pour les guider lors des courses. (JEROME VAL / RADIO FRANCE)


Ces petits robots aux allures de marionnettes colorées sont installés sur le dos des animaux, comme des jockeys mécaniques, avec une cravache pour fouetter la croupe des bêtes et avec des talkies-walkies pour hurler des consignes. Jusqu’en 2014, des enfants montaient les dromadaires. Une pratique trop dangereuse et désormais interdite, d’où cette idée d'un jockey 2.0.

Les propriétaires des dromadaires les suivent en voiture lors d'une course à Doha, en décembre 2022.  (JEROME VAL / RADIO FRANCE)

"Le sport le plus onéreux de la région"

La piste d’Al-Shahaniya est la plus importante du pays. C’est un énorme complexe de plusieurs centaines hectares dédiés à la course. Autour, il n’y a que le désert. Rien ne manque : la piste de quatre kilomètres de long, des box pour y parquer les dromadaires et même une tribune présidentielle ombragée avec de très confortables fauteuils. Une course de dromadaires, c’est du sérieux pour un sport qui peut rapporter très gros. "C'est le sport le plus onéreux dans la région", précise Marwan Al Sakkaf, qui fait partie d’un grand club de Dubaï.

"Pour les grandes finales, le prix pour le vainqueur peut atteindre cinq millions de riyals qatariens, soit 1,3 million d'euros. Tout est offert par le gouvernement qatarien."

Marwan Al Sakkaf, participant d'un club dubaïote

à franceinfo

Les paris, comme on peut le faire en France sur une course de chevaux, sont-ils permis ? "Officiellement, non", nous assure-t-on avec un petit sourire en coin. Mais on comprend que des billets circulent bien sur ces courses.

Il faut dire que c’est le sport numéro 1 au Qatar et dans la région : les courses sont diffusées en direct sur une chaîne de télévision dédiée. Des retransmissions dignes d’un grand match de football. "Ça fait partie de la culture du Qatar et même de toute la région : Bahreïn, Dubaï, un peu l'Arabie saoudite, développe Khaled, du comité qatarien des courses de dromadaires. Il n'y avait pas de voiture jusqu'à récemment, uniquement des dromadaires pour se déplacer."

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"Pour les courses, on n'utilise pas des animaux ordinaires mais des bêtes sélectionnées, originaires du Qatar à 100%. Les propriétaires, ce sont des princes ou les plus grandes familles du pays."

Khaled, membre du comité qatarien des courses de dromadaires

à franceinfo

Sur la piste d’Al Shahaniya, deux séries de courses ont lieu tous les jours jusqu’au 18 décembre, jour de la fête de l’indépendance du Qatar. Et jour de la finale de la Coupe du monde de football.

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