Syrie : "Les tableaux cliniques des victimes sont accablants, il est incontestable qu'il s'agit d'une attaque chimique"
Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, estime lundi sur franceinfo que le régime syrien s'est rendu coupable d'une "nouvelle violation des conventions internationales" et d'un "nouvel acte de barbarie" dans la ville de Douma en Syrie.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence lundi 9 avril dans l'après-midi après une nouvelle attaque chimique présumée en Syrie qui a fait des dizaines de morts samedi à Douma. Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des armes chimiques et biologiques, a réagi lundi sur franceinfo après cette nouvelle attaque.
franceinfo : Les événements à Douma sont-ils du même l'attaque du 4 avril 2017 dans le village de Khan Cheikhoun au sud de la région d'Idleb ?
Olivier Lepick : Les tableaux cliniques des victimes sont accablants. C'est probablement un mélange de chlore et d'un organophosphoré, probablement également du sarin. Il n'y a aucun doute sur la nature chimique de cette attaque. Il est incontestable qu'il s'agit d'une attaque chimique. C'est quelque chose qui ressemble exactement à ce qu'on a vécu à de nombreuses reprises sur le théâtre syrien, il y a un an, en août 2013 également dans la banlieue de Damas. C'est une nouvelle violation des conventions internationales et un nouvel acte de barbarie de la part d'un régime qui mène une guerre d'annihilation et d'extermination contre sa population.
Cela fait longtemps que l'arme chimique est utilisée, malgré les avertissements des occidentaux. Qu'en pensez-vous ?
La véritable ligne rouge de ce conflit est l'utilisation répétée d'armes chimiques. Ce n'est pas du tout cette ligne rouge qu'on a mis face à Bachar al-Assad en lui disant qu'il essuierait des conséquences importantes s'il utilisait l'arme chimique. Puisqu'on le voit bien, à part quelques tirs de missiles sur une base abandonnée, il ne s'est rien passé.
Emmanuel Macron et Donald Trump ont promis une réponse forte et commune. Est-ce une bonne chose ?
Il semble que l'Élysée et Washington soient décidés à agir de manière importante. Si l'occident ne décide pas de frappes contre les hiérarques du régime, contre Bachar al-Assad, lui-même physiquement, des frappes sur des infrastructures syriennes ne serviront à rien. Il faut mettre une limite très forte. Je pense que viser les hiérarques du régime et Bachar al-Assad c'est la seule solution pour tenter de stopper cette escalade dans la barbarie. J'espère que cette attaque ne restera pas sans réponse.
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