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"C'est une course contre la mort" : des familles d'enfants français emprisonnés au Kurdistan syrien en appellent aux députés

Ces parents et grands-parents espèrent que les parlementaires vont pouvoir faire pression sur le gouvernement.

Article rédigé par Delphine Gotchaux - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une femme et son enfant dans le camp de al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, le 17 février 2019. (BULENT KILIC / AFP)

"Certains députés étaient très touchés, ils avaient les larmes aux yeux", témoigne Pascale. Sa fille est partie en 2015 avec ses trois enfants. Depuis, un quatrième est né, Pascale sait depuis très peu de temps que tous sont vivants, dans le camp de al-Hol, au nord-est de la Syrie. Mais impossible de savoir dans quel état ils sont.

Pascale, comme d'autres proches d'enfants emprisonnés dans les camps du Kurdistan syrien, a rencontré plusieurs parlementaires de tous bords politiques, mercredi 20 mars, à l'initiative de Clémentine Autain, députée La France insoumise. Pendant une heure et demie, dans une salle feutrée de l'Assemblée nationale, ces familles ont témoigné devant une dizaine d'élus.

Les députés ont dit qu'ils allaient faire quelque chose, ils sont très motivés.

Pascale

à franceinfo

Elles ont raconté leur enfant qui se radicalise, le signalement aux autorités, leur impuissance et le départ vers la Syrie, parfois avec leurs petits-enfants. "En tous cas, ils nous ont écoutés et entendus. On dirait qu'ils découvrent ces histoires", raconte Pascale.

Des "listes officielles" réclamées

Martin Pradel, l'avocat de plusieurs de ces familles, a montré des photos aux parlementaires, des enfants dénutris, parfois blessés. Les députés ont promis de poser des questions au gouvernement, explique Véronique Roy, la présidente du collectif Famille unies, dont le fils Quentin est mort en Syrie. "Peut-on avoir des listes enfin officielles des recensements des gens qui sont dans les camps et dans les prisons ? Maintenant, c'est une course contre la mort. Tout à l'heure, avant de rentrer dans la salle, une maman qui était avec nous apprend que ses petits-enfants sont décédés. C'est de la mort en direct."

Les familles aujourd'hui ne sont pas tenues au courant. On ne sait pas qui est mort qui est vivant.

Martin Pradel

à franceinfo

Il y a une semaine, le président de la République avait évoqué une approche "humanitaire au cas par cas, en lien avec la Croix rouge internationale". Mais il ne peut pas y avoir de "cas par cas", dénonce Lydie Maninchedda, dont les trois petits-enfants font partie des cinq rapatriés la semaine dernière : "J'espère que ce retour d'orphelins et d'enfants isolés donnera suite au retour de tous les autres petits-enfants qui sont en grande souffrance dans ces camps. Depuis le 15 mars, il y aurait 130 morts dont les 80% sont des enfants de moins de cinq ans."

Il y a une très grande urgence à rapatrier tous ces petits-enfants et que les grands-parents qui souffrent actuellement puissent avoir, comme nous l'avons eu, un nouvel espoir.

Lydie Maninchedda

à franceinfo

Pour le moment, Lydie et son mari n'ont eu aucun contact avec leurs petits-enfants, pris en charge par l'aide sociale à l'enfance des Yvelines. Mais désormais, "attendre n'est plus une souffrance".

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