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L'ex-otage Didier François : "Quatre jours sans manger, sans boire et menottés"

Détenu en Syrie, le journaliste est revenu, lundi matin, sur dix mois d'une éprouvante captivité aux mains d'un groupe jihadiste. Voici ce qu'il faut retenir de son témoignage.

Article rédigé par franceinfo
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Didier François, ancien otage en Syrie,  après son arrivée sur le sol Français en compagnie de trois autres anciens otages, le 20 avril 2014 à Villacoublay (Yvelines). (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP)

Le grand reporter Didier François, ex-otage en Syrie, est revenu dans la matinée du 21 avril dans la matinale d'Europe 1, radio pour laquelle il travaille, sur ses dix mois de captivité. Didier François et trois autres journalistes français ont été rapatriés dimanche matin en France, au lendemain de leur libération, accueillis par leurs proches et le président François Hollande sur le tarmac de l'aéroport de Villacoublay (Yvelines). 

Il décrit une captivité éprouvante, orchestrée par un groupe jihadiste, durant laquelle les otages ont été enfermés dans des sous-sols pendant dix mois "sans voir le jour". Ils ont été "entièrement enchaînés les uns aux autres" durant un mois et demi. Il a également fait état de conditions "parfois violentes". Voici ce qu'il faut retenir de son témoignage émouvant.

Quatre jours sans manger, sans boire, menottés...

"Les premiers jours ont été les plus difficiles", raconte le reporter d'Europe 1. "Ils vous mettent tout de suite dans l’ambiance, la pression est très forte", dit-il avant de décrire ses quatre premiers jours de captivité dans des conditions particulièrement difficiles : "On a été quatre jours sans manger et sans boire, menottés à un radiateur, avec des coups…"

"On a tout de suite été menotté et sur les dix mois et demi, on a dû passer quinze jours ou trois semaines dans une maison où on avait une vue sur l’extérieur, raconte Didier François. Le reste du temps, nous étions dans un sous-sol, des caves, avec des portes en fer, des barreaux sur tous les interstices." Les conditions d'hygiène ont, elles aussi, été difficiles : "On est resté quatre mois sans douche. On n’a pas toujours été propre et on n’a pas beaucoup mangé. Sauf à la fin, quand les négociations ont commencé à reprendre, pour que l’on reprenne du poids."

 Des simulacres d'exécution

"J’ai eu des simulacres d’exécution, des pistolets posés sur la tempe, sur le front, témoigne le grand reporter. Mais cela ne m’a pas trop inquiété car on voyait que c’était de la pression." Car Didier François est un journaliste aguerri : "Cela fait trente ans que je fais des zones de guerre, donc le risque, je le connais." A-t-il craint pour sa vie ? "Peur, oui, évidemment, parce que rien n’est garanti. Ce que je savais, c’est que tout serait fait pour nous soutenir."

Des jeux d’échecs avec des boîtes de fromage pour passer le temps

Comment passer le temps durant une aussi longue période de captivité ? "Edouard [Elias] me faisait la lecture car ils [les geôliers] m’avaient piqué mes lunettes", dit-il au micro d'Europe 1. "On avait réussi à récupérer un stylo, que l’on cachait quelque part, on a fait des jeux d’échecs avec des boîtes de fromage et on a fait pas mal de parties."

 

"Edouard me donnait des cours de photo. On cherchait à se rappeler les grandes dates de l'Histoire depuis Clovis", poursuit Didier François. 

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Une bataille de boules de neige avec les ravisseurs

Des moments plus légers ont également émaillé ces dix derniers mois. "Le premier jour de neige, les gardes sont rentrés dans la cellule, nous ont fait mettre à genoux dans la cellule, comme s'il y allait avoir une fouille ou quelque chose de plus brutal", explique le grand reporter. "Il [l'un des ravisseurs] m'a balancé une grosse boule de neige, et on a fait une grosse bataille de boules de neige." Mais le journaliste relativise : "Il ne faut pas non plus imaginer qu'on a passé dix mois suspendus au plafond. Et c'est pas non plus parce qu'il y a eu cette bataille que les relations ont été détendues pendant dix mois."

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