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Rencontre entre Al-Assad et des élus français : la polémique en cinq actes

Le Premier ministre, Manuel Valls, a fustigé, jeudi, "une faute morale" de la part des parlementaires qui ont rencontré le dirigeant syrien, mercredi, à Damas.

Article rédigé par franceinfo
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Le président syrien Bachar Al-Assad lors d'une interview à Damas, le 8 janvier 2015. ( SANA / REUTERS)

Des élus français devaient-ils rencontrer Bachar Al-Assad en Syrie, mercredi 25 février ? Au lendemain de ce surprenant rendez-vous, ces parlementaires sont, en tout cas, sous le feu des critiques, à commencer par celles du chef du gouvernement, Manuel Valls. Francetv info vous résume la polémique en cinq actes.

Acte 1 : trois parlementaires rencontrent Al-Assad

En Syrie pour une "mission personnelle" de quelques jours, trois parlementaires – le sénateur UMP Jean-Pierre Vial, le député UMP Jacques Myard et le sénateur UDI François Zocchetto – profitent de leur déplacement à Damas pour rencontrer, mercredi, le dirigeant syrien Bachar Al-Assad. Une décision qui va à l'encontre de la ligne diplomatique française, qui refuse de dialoguer avec un homme qu'elle considère comme un dictateur. Un quatrième parlementaire présent en Syrie – le député PS Gérard Bapt, qui préside le groupe d'amitié France-Syrie à l'Assemblée – n'a en revanche pas participé à cette entrevue.

A Damas, avec les parlementaires français qui ont rencontré Al-Assad (FRANCE 2)

"Nous l'avons rencontré pendant une bonne heure. Ça s'est très bien passé", réagit à l'issue de la visite l'élu francilien Jacques Myard. "C'est important, pour nous, de voir ce côté-ci de la réalité des choses, et de voir si des évolutions sont possibles", ajoute le socialiste Gérard Bapt, interrogé par France 2"La mission a été décidée très récemment, il y a huit à dix jours. Son but est simple : il s'agit de se rendre sur place pour renouer les fils du dialogue, tout simplement", explique à francetv info le député PS Jérôme Lambert, qui devait accompagner ses collègues, mais n'a pu participer au voyage pour des raisons personnelles.

Acte 2 : Valls et Cambadélis condamnent "une faute"

La démarche de ces élus suscite, en tout cas, la colère du Premier ministre, Manuel Valls. Sur BFMTV, jeudi, le chef du gouvernement a condamné "une faute morale". "Les parlementaires peuvent se déplacer, mais je veux condamner avec la plus grande vigueur cette initiative, a-t-il insisté. Que des parlementaires aient ainsi, sans crier gare, rencontré un boucher, je crois que c'est une faute morale."

Un avis partagé par le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui a annoncé sur RTL que le député PS Gérard Bapt serait bientôt "déféré devant la haute autorité du Parti socialiste"

Jean-Christophe Cambadélis : "achar n'est pas un dictateur, c'est un boucher" (RTL)

Acte 3 : l'un des parlementaires répond aux critiques

Depuis Damas, Gérard Bapt a répondu aux critiques, jeudi matin sur France Inter, évoquant "une décision mûrement réfléchie, depuis plusieurs mois". "C'était un déplacement privé", a-t-il assuré.

"Il y a pour la société syrienne, qui était si proche de la France (...), urgence à trouver les voies d'un cessez-le feu, pouvant précéder une solution politique, a-t-il ajouté pour justifier ce déplacement. Pour retrouver le chemin de la compréhension et de la paix, il faut bien, à un moment ou un autre, trouver les moyens de se parler."

Acte 4 : Hollande "condamne" à son tour l'entrevue

En marge de son déplacement aux Philippines, jeudi, sur le thème de l'écologie, François Hollande a lui aussi "condamné" cette entrevue entre Bachar Al-Assad, "un dictateur" et les parlementaires français, "qui n'ont été mandatés que par eux-mêmes". Et le chef de l'Etat d''encourager" les responsables de partis à prendre des sanctions contre ces élus partis à Damas.

Parlementaires français en Syrie : Hollande "condamne l'initiative) (FRANCE TELEVISIONS)

Acte 5 : Sarkozy parle de "quatre gugusses"

Faut-il prendre des sanctions contre les deux élus UMP partis à Damas ? Le président du parti, Nicolas Sarkozy, s'est contenté de hausser les épaules signifiant que non. "Moi, personnellement, je n'y serais pas allé. Mais dans une démocratie, on ne peut pas empêcher quatre gugusses de faire ce qu'ils veulent", a-t-il déclaré en marge d'une visite à l'hôpital Necker à Paris. En tout cas, lui n'y serait "pas allé".

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