Syrie : "Mission Annan, s'il vous plaît, ne venez pas nous voir"
Des dizaines de milliers de manifestants ont demandé aux observateurs de l'ONU, censés surveiller le cessez-le-feu en vigueur depuis deux semaines, de ne pas venir dans le pays pour ne pas attiser les violences.
"Observateurs, arrêtez de jouer avec le sang de notre peuple." Des dizaines de milliers de manifestants hostiles à Bachar Al-Assad ont défilé à travers la Syrie, a indiqué vendredi 27 avril l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Sur des banderoles, ils ont interpellé les observateurs étrangers dépêchés sur place par l'ONU depuis le 15 avril dans le cadre du plan du médiateur Kofi Annan.
A Hass, dans la province d'Idleb (nord-ouest), les manifestants ont demandé aux observateurs, censés surveiller le cessez-le-feu officiellement en vigueur depuis deux semaines et constamment violé, de ne pas venir dans le pays. "Mission Annan, s'il vous plaît, ne venez pas nous voir, vous êtes devenue la source des tueries", pouvait-on lire sur une banderole.
L'OSDH a fait état de trois morts parmi les manifestants, dont un enfant, tués par des tirs gouvernementaux dans la région de Damas, à Alep (nord) et à Deir Ezzor (est). A Damas, un attentat à la voiture piégée a fait au moins onze morts. Les autorités, qui ne reconnaissent pas l'ampleur de la contestation, ont de nouveau accusé des "terroristes" de semer le chaos.
Des violences après le passage d'observateurs
Pour l'opposant Walid Al-Bounni, "le régime syrien ne peut pas appliquer le plan Annan", qui prévoit aussi la liberté de manifester pacifiquement, car, sinon, "des millions de Syriens sortiront dans les rues et le régime tombera". Militants et ONG ont fait état ces derniers jours de morts et de blessés dans plusieurs villes après le passage d'observateurs de l'ONU.
A New York, des diplomates ont annoncé que le général Robert Mood était en route pour Damas, où il doit prendre la tête de la mission d'observation de l'ONU. Ce Norvégien de 54 ans avait négocié le déploiement des 30 premiers observateurs, et devra gérer l'arrivée de 100 autres membres de la mission d'ici à un mois, sur les 300 prévus à terme.
Le régime n'a toujours pas retiré ses troupes des villes
Le plan Annan prévoyait un retour des soldats dans les casernes le 10 avril, mais les observateurs ont signalé que l'armée était toujours déployée dans les villes "en contradiction avec les engagements" de Damas, a dénoncé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
Le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s'est inquiété "de la poursuite de la violence malgré le cessez-le-feu accepté par le régime syrien". "Il est clair que le régime syrien ne remplit pas ses obligations, a-t-il déclaré. Ils ont promis de retirer leurs troupes des villes et ce n'est pas le cas."
Les Frères musulmans syriens ont appelé Ban Ki-moon à annoncer l'échec du plan Annan, et réclamé la suspension de la Syrie aux Nations unies. La Ligue arabe, dont la propre mission d'observation avait été un échec début 2012, a pour sa part de nouveau dénoncé l'attitude de Damas, qui consiste à "négocier et tuer son peuple en même temps".
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