"Tous les six mois, on demande justice pour les victimes, et rien ne se passe" : Carla Del Ponte quitte la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie
L'ancienne procureure spécialiste du crime de guerre Carla Del Ponte a annoncé dimanche soir son départ de la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie. Elle regrette qu'après sept ans, le Conseil de sécurité n'ait pris "aucune décision".
Carla Del Ponte, ancienne procureure spécialiste du crime de guerre, a annoncé dimanche 6 août son départ de la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie. Sur franceinfo lundi, elle regrette qu'après sept ans, le Conseil de sécurité n'ait pris "aucune décision", et dénonce "une impunité totale" en Syrie.
Franceinfo : pourquoi avoir pris la décision de quitter la commission ?
Carla Del Ponte : Ces commissions font normalement de premiers rapports après une année et le Conseil de sécurité décide ce qu'il faut faire. Tandis qu'ici, cette commission doit continuer à travailler et donc à faire la liste des crimes qui sont commis en Syrie. Et il y en a chaque jour de tous les côtés, de tous les partis à la guerre, mais le Conseil de sécurité ne prend aucune décision. J'estime alors qu'en tant qu'ancien procureur, dans la septième année, je ne veux plus rester dans cette commission qui n'a plus de sens. Elle en avait un au début, les premiers mois, la première année. Dans la septième année, le Conseil de sécurité doit agir.
Ces blocages sont liés au véto des Russes ?
Oui, surtout le droit de véto des membres permanents, les Russes qui sont soutenus par la Chine. Il n'y a pas de vraie solution qui passe, donc il n'y a pas de justice pour les victimes. En Syrie, il y a une impunité totale depuis sept ans.
Il y eu pourtant plusieurs rapports publiés sur les violations des droits de l'Homme en Syrie ?
Tous les six mois, on fait un rapport au Conseil des droits humains. Tous les six mois, on demande justice pour les victimes, et rien ne se passe. C’est pour cette raison que je m’en vais.
Avez-vous encore l'espoir que les responsables soient jugés ?
Oui, je l'espère vivement. Ce ne sera pas pour demain, mais j'espère que nous arriverons à pouvoir juger les hauts responsables politiques et militaires.
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