: Reportage "Tout le monde comprend les croyances de l'autre" : les leaders religieux de Bradford unis face aux tensions provoquées par la guerre entre Israël et le Hamas
Suzie Cree aime faire visiter sa synagogue. Cette bâtisse de la fin du XIXe siècle est miraculée, affirme la présidente de son conseil d'administration. Il y a dix ans, l'édifice de Bradford, cette municipalité du nord de l’Angleterre, aurait pu disparaître : le toit abimé menaçait le plafond historique et "on ne pouvait pas payer pour cette réparation", explique-t-elle. C'est la mosquée juste à côté qui a lancé l'appel de fonds et sauvé le lieu de culte à l'époque.
Dans cette ville de 500 000 habitants située à quelques km de Leeds, plus de 30% des croyants sont musulmans. C’est la principale communauté religieuse : 70 000 musulmans pour 250 juifs. Depuis le 7 octobre et les attaques du Hamas contre les kibboutz près de la bande de Gaza, on peut voir des drapeaux palestiniens dans les commerces aux alentours et des marches en soutien aux civils de Gaza ont été organisées, sans le moindre débordement, précise Suzie Cree. "Il y a bien un ou deux extrémistes aussi à Bradford, convient-elle, mais les manifestations ont toutes été pacifiques. Je n'ai entendu parler d'aucun incident antisémite dans le secteur depuis des années malgré ce qui se passe dans le reste du pays".
"On cherche des solutions plutôt que de créer des problèmes"
Pour Hanoukka, cette année encore, des leaders religieux de tous les cultes sont venus se recueillir dans la synagogue, dont Waqaas Anwar, président d'une association musulmane. Quelques jours plus tôt, il avait organisé une prière pour toutes les victimes du conflit dans sa mosquée avec des représentants juifs, chrétiens, sikhs et hindous. "Ce n'était pas compliqué du tout de réunir ces différentes voix et qu'elles disent la même chose. Nous disposons d'une tribune et de la responsabilité qui l'accompagne : l'utiliser pour le bien de tous. Ça part de la base, puis l'impact se ressent à une échelle plus grande. Parce que l'on fait le maximum au niveau local", défend-il.
Un climat serein voulu par les religieux et accompagné par les élus locaux. "Ce n'est pas comme une grande ville comme Londres ou Paris, pointe-t-elle. Tout le monde comprend les croyances de l'autre", plaide ainsi Amanda Carter, conseillère municipale.
"On l'apprend même aux enfants à l'école, les enfants acceptent les différentes religions."
Amanda Carter, conseillère municipale de Bradfordà franceinfo
"Plus on travaille ensemble et plus on le montre, plus on cherche des solutions plutôt que de créer des problèmes, tout ça influence les gens, poursuit l’élue. C'est aux politiciens aux niveaux locaux et nationaux de chercher la paix. Je pense que nous réussissons plutôt bien. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème, il y en a bien sûr. Mais globalement, on s'en sort très bien".
De nouvelles mobilisations pour le peuple palestinien sont prévues dans la ville. Dans le calme et sans haine, espèrent tous responsables religieux.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.