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Tension franco-britannique sur la coquille Saint-Jacques : "Ce n’est pas une guerre", mais "c'est du pillage"

Les responsables du Comité régional des pêches de Normandie appellent, une fois de plus, les Britanniques à respecter le calendrier et les méthodes françaises de la pêche à la coquille Saint-Jacques. 

Article rédigé par franceinfo - avec la rédaction de France Bleu Cotentin
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des bateaux de pêche français se sont opposés à des chalutiers britanniques venus pêcher la coquille Saint-Jacques au large de la Normandie le 28 août 2018. (capture d'écran France 2)

"Ce n’est pas une guerre" mais "c’est du pillage", a déclaré mercredi 29 août sur France Bleu Cotentin Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches de Normandie, alors que des pêcheurs normands et britanniques se sont livrés à une bataille navale en Baie de Seine, mardi, autour de la coquille Saint-Jacques.

Des réglementations et des méthodes différentes

Cette bataille n’est pas nouvelle mais elle revient, "car on n’a pas réussi à trouver des accords satisfaisants avec les Britanniques sur le partage de cette ressource", a expliqué Dimitri Rogoff. "On a deux flottilles différentes. D’un côté, les petits bateaux normands, artisanaux" d’une quinzaine de mètres en moyenne et "de l’autre côté, des bateaux usines" de plus de 30 mètres, venant d'Écosse et "qui congèlent à bord". "Quelque part, c’est du pillage", a-t-il poursuivi.

Les pêcheurs normands, qui ont le droit de pêcher la coquille du 1er octobre au 15 mai, demandent à leurs voisins britanniques de respecter ce calendrier au large des côtes françaises. Côté britannique, cette catégorie de pêche n’est pas réglementée. "La coquille n’est pas une espèce gérée par l’Europe et soumise à des quotas. Chaque État gère comme il le souhaite", a détaillé le patron du Comité des pêches normand. Cela dit, "les pêcheurs français pourront malgré tout assurer une saison correcte", puisque les Britanniques ne "peuvent pas rentrer dans la zone protégée", la plus proche des côtes françaises. "On ne veut pas les empêcher de travailler, ce n’est pas une guerre, mais il faut qu’ils s’éloignent des eaux territoriales et restent au nord des 20 miles nautiques", a-t-il ajouté.

Des Anglais sourds à la gestion durable de la coquille 

De son côté, Pascal Coquet, vice-président du Comité régional des pêches de Normandie a évoqué sur franceinfo le "ras-le-bol" récurrent des pêcheurs normands vis-à-vis des pêcheurs britanniques.

On voit les Anglais qui viennent toujours avant l’heure, pêcher 24 heures sur 24.

Pascal Coquet, vice-président du Comité régional des pêches de Normandie

à franceinfo

Ce professionnel regrette la situation, d'autant qu'en Normandie, les pêcheurs "s'infligent une gestion durable, c’est-à-dire avec des quotas, des heures de pêche". "On n’a pas le droit de ramener tant de tonnes de coquilles par jour. On attend pendant tout l’été. On ferme la boutique du 15 mai au 1er octobre pour que la reproduction se fasse bien et que la coquille prenne bien sa taille commerciale", a-t-il expliqué. Selon Pascal Coquet, "un pêcheur normand a le droit maximum entre 7 et 8 tonnes par semaine", tandis qu'"un navire anglais pouvait, les années précédentes, faire 10 tonnes par jour, 50 tonnes par semaine, 250 tonnes par mois"

Le problème sera peut-être résolu avec le Brexit. "Normalement, le 29 mars prochain, si le Brexit est effectif les marins anglais ne pourront plus venir car ils seront exclus des eaux communautaires", a indiqué son confrère au Comité normand des pêches, Dimitri Rogoff.

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