Attentat de Moscou et guerre en Ukraine : "Les médias proches du Kremlin cherchent à imposer une vision des faits", expose une spécialiste

Les Russes craignent que l'attentat de vendredi près de Moscou soit "instrumentalisé" pour "justifier" une nouvelle mobilisation de troupes contre l'Ukraine, assure une professeure d'histoire russe.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La Russie observe une journée de deuil national dimanche 24 mars 2024 après l'attaque terroriste contre une salle de concert qui a fait au moins 133 morts vendredi. (TATIANA MAKEEVA / AFP)

"La crainte de voir l'attentat [de Moscou] instrumentalisé pour justifier une mobilisation en Ukraine est forte" en Russie, relate dimanche 24 mars sur franceinfo Emilia Koustova, professeure d'histoire russe à l'Université de Strasbourg. "Avant l'élection présidentielle russe, on s'attendait à un durcissement du régime et à une nouvelle mobilisation. On entendait le chiffre de 300 000 hommes supplémentaires au front pour gagner cette guerre, et maintenant cette crainte est encore plus forte", détaille-t-elle.

Elle redoute aussi des "attaques encore plus violentes, encore plus massives et pernicieuses à l'égard de l'Ukraine et de sa population". Le président russe a affirmé samedi que "les quatre auteurs" de l'attentat qui a fait 133 morts vendredi soir en banlieue de Moscou avaient été arrêtés "alors qu'ils se dirigeaient vers l'Ukraine". Pourtant, l'État islamique a revendiqué à plusieurs reprises l'attaque.

Laisser faire les autorités "qui savent mieux"

"Les médias proches du pouvoir" cherchent ce week-end "à réconcilier les deux éléments : les revendications de Daech et l'origine centre-asiatique des assaillants d'une part, et d'autre part l'accusation de l'Ukraine, comme étant les commanditaires et les facilitateurs de cet attentat", dit Emilia Koustova.

"Les Russes sont habitués à une sorte de confusion informationnelle depuis plusieurs années."

Emilia Koustova, professeur d'histoire russe 

à franceinfo

"Les médias proches du pouvoir cherchent à imposer une vision des faits. Ils peuvent ne pas complétement y arriver, mais en tous cas, ils sèment une confusion qui finalement sert aussi les intérêts des autorités", analyse l'historienne. "Se dire 'on a plein d'informations différentes, donc finalement, on ne sait pas où est la vérité, donc on laisse faire les autorités qui savent mieux ce qui est vrai et ce qui est faux', c'est l'attitude qu'adoptent beaucoup de Russes", conclut-elle.

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