La loi russe interdisant «la propagande homosexuelle», elle continue de provoquer la colère des associations gay partout dans le monde. Ces dernières envisagent d'utiliser le rendez-vous des Jeux Olympiques de Sochi, en 2014, pour dénoncer l'homophobie qui, à leurs yeux, est grandissante dans le pays.
La loi a été votée le 12 juin 2013 par la chambre basse du parlement russe, et ratifiée le 30 par Vladimir Poutine. Elle punit d'amende tout citoyen coupable de «propagande des relations sexuelles non-traditionnelles auprès de mineurs.» La sanction peut atteindre le million de roubles (25.000 euros) si l'infraction est commise par une personne juridique.
Propagande, le terme est suffisament vague pour qu'il fasse tomber sous le coup de la loi le moindre propos sur l'homosexualité.
Ainsi, la première conséquence est de voir apparaître un avertissement en guise d'en-tête sur un article du site internet de l'agence russe RIA Novosti. L'article évoque les menaces que la communauté gay fait peser sur les prochains jeux d'hiver de Sochi en 2014. A la manière des alertes aux parents qu'on trouve sur les disques, «paroles explicites», RIA Novosti prévient le lecteur: «Cette dépêche pourrait contenir des informations déconseillées aux moins de 18 ans, selon la législation russe.»
Une loi soutenue par 67% de la population, selon un sondage réalisé en début d'année. Le tiers des sondés considère même que l'homosexualité est une maladie qu'il faut soigner.
Mais cette homophobie entretenue en haut lieu isole la Russie sur la scène internationale. Angela Merkel, la chancelière allemande, avait demandé à Moscou de renoncer à son projet. L'ambassadeur US en Russie a parlé d'une loi «discriminatoire et intolérante».
La communauté gay dénonce l'homophobie grandissante en Russie et entend utiliser les Jeux Olympiques en 2014 pour le faire savoir. L'idée prend forme d'organiser une gay-pride le jour de la cérémonie d'ouverture des jeux. Les autorités russes sentant la menace ont promis que la loi n'affecterait ni les athlètes ni les spectateurs. Ce qu'un député conservateur de Saint-Pétersbourg ne comprend pas, considérant qu'une loi fédérale doit s'appliquer sur l'ensemble du pays.
Une tolérance qui d'ailleurs semblerait paradoxale, quand des étrangers sont d'ors et déjà poursuivi pour «propagande de l'homosexualité». Ainsi, quatre Néerlandais ont été arrêtés le 21 juillet à Mourmansk, alors qu'ils participaient à une table ronde consacrée aux droits de l'Homme. En fait, ils tournaient un documentaire sur la communauté LGBT en Russie, et ont été accusés d'avoir interrogé une mineure. Finalement, ils ont été interdits de territoire russe pour trois ans, et leurs images saisies.
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