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Russie : ce que l'on sait de l'accident qui a fait 41 morts après l'atterrissage d'urgence d'un avion à Moscou

Des images tournées notamment par une caméra de vidéosurveillance révèlent que l'avion s'est embrasé après avoir heurté le tarmac. Il transportait 78 personnes, équipage compris. L'avion aurait atterri en catastrophe après avoir été touché par la foudre.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 6min
Un avion Superjet-100 de la compagnie Aeroflot en flammes sur le tarmac de l'aéroport Cheremetievo de Moscou (Russie), dimanche 5 mai 2019. (CHINE NOUVELLE / SIPA)

Le bilan s'élève à au moins 41 morts. Un avion de ligne de la compagnie russe Aeroflot, parti de l'aéroport Cheremetievo de Moscou pour Mourmansk (nord-ouest de la Russie) a fait demi-tour quelques minutes après le décollage et a atterri en urgence, dimanche 5 mai, en fin d'après-midi, avant de s'embraser. Il transportait 78 personnes, équipage compris.

Des vidéos publiées plusieurs heures après le crash et relayées par Dmitri Smirnov, correspondant au Kremlin du journal Komsomolskaya Pravda, montre l'appareil, un Superjet-100 (SSJ100), en flammes sur le tarmac. 

Un lourd bilan 

"Selon les données rectifiées dont disposent les enquêteurs à l'heure actuelle, 37 personnes ont survécu", a indiqué le Comité d'enquête, l'organisme chargé des grandes investigations en Russie, dans un communiqué. Une porte-parole a ensuite confirmé explicitement aux journalistes que le bilan était porté à 41 morts.

"Actuellement, six blessés sont hospitalisés. Deux blessés graves sont en réanimation", a-t-elle déclaré, ajoutant que 14 personnes ont eu besoin d'une aide médicale.

Sitôt après l'atterrissage, des passagers ont été évacués par les toboggans avant de l'avion alors que celui-ci s'embrasait à grande vitesse. D'autres vidéos amateurs montraient les passagers courant sur le tarmac pour s'éloigner de l'appareil.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que Vladimir Poutine avait présenté ses condoléances aux proches des victimes.

Les liaisons radios coupées par la foudre 

Si les circonstances exactes n'ont pas encore été officiellement révélées, le commandant de bord, Denis Evdokimov, a rapporté aux médias russes que le Soukhoï Superjet 100 a dû effectuer un atterrissage d'urgence après qu'une partie des appareils de bord soient tombés en panne en raison de la foudre. "A cause de la foudre, nous avons perdu le contact radio et sommes passés en régime de pilotage minimal (...) C'est-à-dire sans ordinateur comme à l'ordinaire, mais de manière directe. En régime d'urgence", a expliqué le pilote dans les colonnes du tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda. "Nous sommes parvenus à rétablir la liaison via la fréquence d'urgence, mais elle était courte et fonctionnait seulement par intermittences. (...) Nous avons pu dire quelques mots puis le contact a disparu", a-t-il ajouté.

Ces déclarations corroborent le scénario avancé par l'aéroport dans un communiqué publié ultérieurement : "Le vol Su-1492 a décollé comme prévu à 18h02 [heure locale]", pouvait-on lire. "Après le décollage, l'équipage a rapporté une anomalie et a pris la décision de revenir à l'aéroport de départ. A 18h30, l'appareil a effectué un atterrissage d'urgence, après quoi le feu s'est déclaré", poursuit le communiqué. Le site spécialisé Flightradar 24 rapporte que le contact radio avec les contrôleurs aériens a bien été perdu à 18h11 (heure locale), soit moins de 10 minutes après le décollage. Quatorze minutes plus tard, l'avion envoyait un message d'urgence. 

"L'avion a émis un signal de détresse après le décollage. Il a tenté un atterrissage d'urgence, n'a pas réussi la première fois et, à la deuxième tentative, le train d'atterrissage a frappé [le sol], puis le nez, et il s'est enflammé", avançait peu après l'accident l'agence de presse Interfax, citant une source anonyme. Une vidéo relayée par le média Russia Today, montrant des images de vidéosurveillance, vient accréditer ce scénario. 

Enfin, selon le commandant de bord, c'est à cause du violent atterrissage que l'appareil a pris feu. "La raison est sûrement la suivante : les réservoirs étaient pleins", a-t-il indiqué. "On venait de décoller et l'appareil a été touché par la foudre (...), a indiqué pour sa part un passager de l'avion, Petr Egorov, cité par le tabloïd Komsomolskaïa Pravda. L'atterrissage a été dur, on a presque perdu connaissance de peur. L'avion a rebondi sur le tarmac comme une sauterelle et a pris feu au sol."

"Une enquête criminelle pour violation des règles de sécurité" a été ouverte, a indiqué dans un communiqué le Comité d'enquête.

Le Superjet : un modèle source de fierté, mais peu utilisé hors de Russie

Il est trop tôt pour mettre en cause l'avion, a sous-entendu un porte-parole de l'agence russe Rossaviatsia au sujet d'une éventuelle immobilisation des Superjet après ce crash. "Une commission travaille. Toute conclusion est prématurée", a-t-il déclaré. Sur Twitter, le site spécialisé Flightradar 24 indique que l'appareil, immatriculé RA-89098 avait volé pour la première fois en juin 2017.

Et pour cause, le Soukhoï Superjet 100, le premier avion civil conçu par la Russie post-soviétique, et destiné à faire concurrence au brésilien Embraer et au canadien Bombardier sur le marché des avions régionaux, était une source de fierté pour le pays à l'époque de son lancement en 2011. Il est pourtant très décrié et peine à convaincre en dehors du marché russe.

Plusieurs compagnies étrangères qui l'exploitaient ont préféré réduire ou arrêter son utilisation, évoquant des problèmes de fiabilité. Son lancement avait d'ailleurs été terni par le crash d'un appareil en mai 2012 au cours d'un vol de démonstration en Indonésie, qui avait fait 45 morts.

Pour soutenir l'avionneur, le gouvernement russe a mis en place des subventions pour inciter les opérateurs russes à acheter des Superjet : Aeroflot est ainsi devenu le premier utilisateur de l'appareil et avait annoncé en septembre 2018 avoir passé une commande record de 100 Superjet. Or, le 10 octobre de cette année, "un SSJ100 a fait une sortie de piste impressionnante à l’aéroport de Iakoutsk, en Russie, à cause d’un train d’atterrissage défectueux", relate le Huffpost dans un article consacré à ce modèle.

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