Selma 50 ans après : "En traversant le pont, nous avons changé l'histoire"
Dans le bureau du représentant John Lewis au Congrès américain, il y a toutes les photos du militant John Lewis, figure de la lutte pour les droits civiques, seul survivant parmi les orateurs aux côtés de Martin Luther King de la gigantesque marche sur Washington en août 1963.
Un an et demi plus tard, après l’abolition de la ségrégation, c’est un autre combat qui est mené, celui pour le droit de vote des Noirs. La marche doit rallier Selma à Montgomery dans l’Alabama, 600 personnes y participent et John Lewis est au premier rang : "Des centaines de milliers, peut-être même des millions de personnes, se sont inscrites sur les listes électorales grâce à nous. En 1965, nous voulions juste traverser ce pont. Mais nous avons changé l'histoire."
Le "Voting rights acts", 2e loi fondamentale pour les droits civiques
A 25 ans, John Lewis a en effet déjà l’expérience de la prison et des brimades mais ce jour-là la répression est d’une toute autre ampleur. Dès la sortie de Selma, de l’autre côté du pont qui traverse la rivière Alabama, la garde nationale est là et donne immédiatement l’assaut.
Autour de John Lewis, les blessés se comptent par dizaines mais très vite une autre marche rassemble des milliers de personnes venus de tout le pays choqués par cette violence, et quelques quelques mois plus tard le président Johnson fait adopter le "Voting rights acts", la deuxième loi fondamentale pour les droits civiques aux Etats-Unis. 50 ans après, c’est cette victoire là que John Lewis aura en tête demain à Selma.
John Lewis, au premier rang à Selma le 7 mars 65; il sera samedi à côté de Barack Obama sur le pont de Selma. pic.twitter.com/bj2IPIMqHH
— Frédéric Carbonne (@FCarbonne) March 5, 2015
"Monsieur Lewis, est-ce que vous voulez bien me pardonner ?"
L’élu de la Georgie voisine ajoute toutefois qu’aujourd’hui encore dans certains états du Sud l’égalité des droits reste théorique mais de ce demi-siécle de combat il préfère retenir les motifs d’espoir. Comme cette rencontre très récente dans son bureau avec un de ses agresseurs dans un bus en Alabama en 1961. "Un de ces hommes m'a dit, 'monsieur Lewis est-ce que vous voulez bien me pardonner'. Il était avec son fils, ils se sont mis à pleurer. Et moi aussi j'ai pleuré".
Cet homme appartenait à l’époque au Ku Klux Klan et le pont de la répression puis de la victoire, porte aussi le nom d’un dirigeant de ce groupe raciste très présent dans l’Alabama. Il n’a jamais été débaptisé, mais peu importe dit John Lewis : "je ne me bats pas pour un pont, je me bats pour la justice et la vérité "
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.