Cet article date de plus d'onze ans.
Alain de Chalvron sur la Chine et la situation en Syrie
La Chine soutient le régime de Damas et, comme la Russie, a opposé à trois reprises son véto contre les résolutions occidentales menaçant la Syrie de sanctions. Pour autant, dans la crise actuelle, elle reste en retrait. Alain de Chalvron, correspondant de France 2 à Pékin, explique pourquoi.
Publié
Temps de lecture : 3min
Quelles sont, historiquement, les raisons du soutien de la Chine à Damas?
Depuis le début de la crise syrienne, la Chine aligne sa position sur celle de la Russie, quelques degrés en dessous. Elle a beaucoup moins d'intérêts stratégiques en Syrie que Moscou (pas de bases et c'est loin de sa zone d'influence). Ses intérêts économiques ne sont pas vitaux.
Sa position est une position de principe : la non-intervention dans les affaires des autres, même si ces affaires sont très, très, très sales. Elle a trop peur qu'on puisse se servir d'un précédent contre elle-même ou contre un de ses alliés stratégiques comme la Corée du Nord ou l'Iran.
En outre, le cas de la Libye, où la Chine estime s'être faite rouler par les Occidentaux, reste extrêmement présent dans l'esprit des dirigeants chinois, qui se sont jurés de ne plus se faire avoir, voire même de tenir ici leur revanche.
Pourquoi la Chine reste-t-elle relativement discrète sur le conflit?
D'abord pour toutes les raisons que nous avons déjà avancées. En outre, les Chinois ne sont pas malheureux de laisser le mauvais rôle du défenseur de la «bête immonde» aux Russes. D'autant qu'ils ne sont pas sûrs de l'état de l'opinion publique sur la question (pour autant qu'il y en ait une). Etre trop en première ligne pourrait aussi déplaire a des pays très impliqués dans le soutien aux rebelles comme l'Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis, importants fournisseurs de pétrole. Enfin, pourquoi montrer des muscles quand on sait qu'on n'a guère la possibilité d'en faire usage à 7000 km de Pékin?
La possible utilisation de gaz chimiques en Syrie par les autorités peut-elle amener Pékin à réviser sa position?
La relative neutralité de la presse chinoise traduit l'embarras de la direction du pays. Le Global Time - journal d'habitude très nationaliste - donne la position des Occidentaux, des Russes.... mais pas des Chinois. Il faut dire que la position du ministre des Affaires étrangères est particulièrement lénifiante : «seule une solution politique permettra de sortir de la crise syrienne», dit-il.
Quant à une éventuelle intervention occidentale, «elle mettrait de l'huile sur le feu», note le Quotidien du Peuple. On est bien loin des menaces russes «de très dangereuses conséquences que pourrait avoir une intervention militaire».
Il reste malgré tout peu probable que la position de la Chine, en particulier au Conseil de sécurité, s'inverse. Sauf si les conclusions des enquêteurs de l'ONU sont accablantes pour le régime de Damas. Le ministre des Affaires étrangères a prévenu que «la Chine s'oppose fermement à l'utilisation d'armes chimiques, quel qu'en soit l'utilisateur». Si les mots veulent dire quelque chose…
Depuis le début de la crise syrienne, la Chine aligne sa position sur celle de la Russie, quelques degrés en dessous. Elle a beaucoup moins d'intérêts stratégiques en Syrie que Moscou (pas de bases et c'est loin de sa zone d'influence). Ses intérêts économiques ne sont pas vitaux.
Sa position est une position de principe : la non-intervention dans les affaires des autres, même si ces affaires sont très, très, très sales. Elle a trop peur qu'on puisse se servir d'un précédent contre elle-même ou contre un de ses alliés stratégiques comme la Corée du Nord ou l'Iran.
En outre, le cas de la Libye, où la Chine estime s'être faite rouler par les Occidentaux, reste extrêmement présent dans l'esprit des dirigeants chinois, qui se sont jurés de ne plus se faire avoir, voire même de tenir ici leur revanche.
Pourquoi la Chine reste-t-elle relativement discrète sur le conflit?
D'abord pour toutes les raisons que nous avons déjà avancées. En outre, les Chinois ne sont pas malheureux de laisser le mauvais rôle du défenseur de la «bête immonde» aux Russes. D'autant qu'ils ne sont pas sûrs de l'état de l'opinion publique sur la question (pour autant qu'il y en ait une). Etre trop en première ligne pourrait aussi déplaire a des pays très impliqués dans le soutien aux rebelles comme l'Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis, importants fournisseurs de pétrole. Enfin, pourquoi montrer des muscles quand on sait qu'on n'a guère la possibilité d'en faire usage à 7000 km de Pékin?
La possible utilisation de gaz chimiques en Syrie par les autorités peut-elle amener Pékin à réviser sa position?
La relative neutralité de la presse chinoise traduit l'embarras de la direction du pays. Le Global Time - journal d'habitude très nationaliste - donne la position des Occidentaux, des Russes.... mais pas des Chinois. Il faut dire que la position du ministre des Affaires étrangères est particulièrement lénifiante : «seule une solution politique permettra de sortir de la crise syrienne», dit-il.
Quant à une éventuelle intervention occidentale, «elle mettrait de l'huile sur le feu», note le Quotidien du Peuple. On est bien loin des menaces russes «de très dangereuses conséquences que pourrait avoir une intervention militaire».
Il reste malgré tout peu probable que la position de la Chine, en particulier au Conseil de sécurité, s'inverse. Sauf si les conclusions des enquêteurs de l'ONU sont accablantes pour le régime de Damas. Le ministre des Affaires étrangères a prévenu que «la Chine s'oppose fermement à l'utilisation d'armes chimiques, quel qu'en soit l'utilisateur». Si les mots veulent dire quelque chose…
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