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Arménie : après l'exode, le retour à la mère patrie

Au début du 20ème siècle, ils furent plusieurs milliers d'Arméniens à fuir le génocide de 1915-1916 et à rejoindre la Syrie. Aujourd'hui, leurs descendants retournent sur la terre de leurs ancêtres, pour échapper au conflit syrien et aux persécutions islamistes. Mais si l'Arménie a simplifié ses mesures d'accueil, elle croule désormais sous le poids des migrants.
Article rédigé par Charles Deluermoz
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min

L'histoire semble se répéter. Il y a tout juste 100 ans, entre 60 000 et 100 000 Arméniens s'installaient en Syrie pour fuir un génocide qui a fait, selon les historiens, quelque 1,5 millions de morts. Aujourd'hui, leurs descendants fuient la guerre en Syrie et font le chemin inverse.
 
A tel point que l'Arménie (3 millions d'habitants) est proportionnellement le troisième plus important pays d'accueil pour les réfugiés syriens, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (HCR). Le pays compte aujourd'hui 6 migrants pour 1 000 habitants. Et déjà quelques 18 000 Arméniens de Syrie ont rejoint le Caucase, où leur connaissance de la langue et des traditions locales leur ont permis de s'intégrer mieux que partout ailleurs.
 
Outre les conséquences de la guerre, les Arméniens de Syrie subissent, comme d'autres minorités chrétiennes d'Orient, l'oppression incessante des islamistes. Dans le meilleur des cas, ils sont forcés de se convertir ou alors de payer le «djizîa», l'impôt des non-musulmans dans les territoires contrôlés par l'Etat Islamique. Des persécutions qui ravivent le souvenir douloureux du génocide de 1915-1916. Dans ce contexte, le salut passe une nouvelle fois par l'exode.

Three #Armenian Churches in #Syria destroyed by #ISIS #ArmenianGenocidehttps://t.co/ibKiybtuu7 pic.twitter.com/WIaEdaZ7ig

 
Un juste «retour»
Ainsi, afin de «rendre hommage aux Syriens qui ont sauvé nos ancêtres», comme l'explique à l'AFP Aren Apikyan de la fondation IDEA (Initiative pour le développement de l'Arménie), la priorité est donnée à ces migrants à Erevan. Car ils représentent une part importante de la diaspora arménienne dans le monde.
 
Les autorités du pays ont ainsi mis en place un dispositif d'accueil d'urgence pour les réfugiés. Comme le précise à l'AFP Firdus Zakaryan, chef d'une organisation gouvernementale chargée des réfugiés venant de Syrie, ces mesures sont destinées à faciliter leur «retour».
 
Avec 14 000 passeports délivrés en trois ans, le processus de naturalisation arménienne a été simplifié. 2 500 emplois ont été créés et des formations sur la législation et la fiscalité locales ont été offertes. L'Etat se propose même de couvrir les coûts d'assurance santé et de scolarité.
 
Un poids trop lourd
Mais ces aides ne sont pas suffisantes. Pourtant bien intégrés en Arménie, les migrants peinent à joindre les deux bouts une fois sur place. De nombreuses boutiques et des restaurants syriens ont fleuri sur la place de la République d'Erevan mais les Arméniens venus de Syrie ont beaucoup dépensé pour sortir du pays. Une fois sur place, is éprouvent des difficultés à trouver un emploi durable et un logement abordable.


Avec un tiers de la population vivant sous le seuil de pauvreté, l'Arménie peine à faire face à un tel afflux de migrants. «Notre petit pays ne peut pas porter ce poids seul, nous avons besoin d'une aide financière internationale», poursuit Firdus Zakaryan. Le cas de l'Arménie semble en effet avoir été oublié par l'Union Europénne et les Etats-Unis. Jusqu'à présent, le pays n'a obtenu d'aide humanitaire pour les réfugiés syriens que de la part du Programme des Nations Unies pour le développement, ainsi que des gouvernements koweïtien, autrichien et russe.

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