Chute de Bachar al-Assad en Syrie : pourquoi l'exil du dictateur syrien à Moscou n'est pas vraiment une surprise
La fin d'un règne entamé par son père il y a 50 ans. Le président Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes, signant ainsi un tournant de l'histoire qui a mis fin dimanche à un demi-siècle de règne sans partage de son clan familial.
Assad, qui a dirigé d'une main de fer la Syrie pendant 24 ans, dont près de 14 ans de guerre, se trouve avec sa famille à Moscou, selon les agences de presse russes. S'il n'y a pas de déclaration officielle du Kremlin, le pouvoir russe a fait savoir aux principales agences d'information du pays que le dictateur et sa famille était arrivé dans la capitale et que l'asile lui avait été accordé pour des raisons humanitaires.
Reste que le Kremlin joue la prudence : lundi, la présidence russe a refusé de confirmer la présence de Bachar al-Assad en Russie. "Je n'ai rien à vous dire sur les allées et venues du président Assad", a assuré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant qu'"il n'y a pas de réunion (prévue entre Poutine et Assad) dans l'agenda officiel du président" russe. Interrogé si Vladimir Poutine a pris personnellement la décision d'octroyer un refuge à Bachar al-Assad, Dmitri Peskov a répondu : "De telles décisions ne peuvent pas être prises sans le chef de l'Etat", tout en soulignant : "Je n'ai rien à vous dire de plus".
Pourtant, la présence de l'ancien dictateur à Moscou n'a rien d'un hasard : déjà dans l'après-midi de dimanche, un avion avait été repéré dans l'après-midi décollant de Lattaquié, où se trouve la base aérienne russe en Syrie et prenant la direction de la Russie. Cela n'est pas non plus une surprise : Moscou a soutenu militairement le dictateur syrien depuis l'intervention de l'armée russe en Syrie en 2015.
Une présence militaire depuis près de dix ans
Moscou conserve d'ailleurs des militaires sur place en Syrie. Le Kremlin a immédiatement fait savoir qu'il était en contact avec les forces rebelles qui ont pris le contrôle du pays et assure que des garanties de sécurité pour les bases russes lui ont été données. Dans les faits, la Russie maintient donc en Syrie une base navale à Tartous, où des photos satellites montraient pourtant ces derniers jours que les navires russes étaient sortis en mer, officiellement pour effectuer des exercices.
Si la présence de la flotte aérienne reste un point à éclaircir, certains correspondants militaires russes pro-Kremlin évoquent sur la messagerie Telegram la présence d'autres militaires russes pris au piège, en quelque sorte, sur des petites bases à l'interieur du pays. Ces correspondants évoquent une évacuaution des forces russes de Syrie qui pourrait commencer dès mardi 10 décembre, signant la fin d'une présence militaire russe dans le pays depuis neuf ans.
"La Russie subit un revers cuisant", a par ailleurs affirmé Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire de l’Europe et des Affaires Etrangères, sur franceinfo lundi 9 décembre. "Après avoir soutenu ce régime dans l'oppression qu'il a menée contre son propre peuple, la Russie pourrait perdre sa base arrière en Méditerranée", entrevoit le ministre démissionnaire français. "Le régime de Bachar al-Assad comptait sur la protection de la Russie pour assurer sa survie, il n'a pas pu en bénéficier, le régime est tombé. C'est un échec évident pour Moscou", souligne Jean-Noël Barrot, qui estime que "C'est une bonne nouvelle pour la liberté. C'est une bonne nouvelle pour le peuple syrien qui doit désormais prendre son destin en main".
Enfin, pour l'instant, aucune image de l'arrivée de Bachar el-Assad à Moscou n'a filtré. Et, comme un symbole, le drapeau de l'opposition syrienne a été hissé lundi sur l'ambassade de Syrie à Moscou. Un groupe d'hommes a hissé l'emblématique drapeau de l'opposition frappé de trois étoiles rouges, quelques flocons de neige tombant dans la matinée sur Moscou, selon un journaliste de l'AFP.
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