Chute du président syrien Bachar al-Assad : quelles sont les réactions de la communauté internationale ?
"Espoir" ou "prudence". Les premières réactions de la communauté internationale affluent, dimanche 8 décembre, après la prise de Damas par les rebelles menés par des combattants islamistes. Lors d'une allocution télévisée, ces groupes ont annoncé avoir renversé le régime de Bachar al-Assad, qui a selon eux "pris la fuite". Cette offensive éclair a mis fin à cinq décennies de règne de la famille Assad dans le pays.
"La France salue la chute du régime de Bachar al-Assad", a déclaré le ministère des Affaires étrangères, dimanche. "Après plus de treize ans d’une répression d’une grande violence contre son propre peuple", le président syrien "laisse un pays exsangue, vidé d’une grande partie de sa population", pointe le Quai d'Orsay dans un communiqué. "Le temps de l'unité est venu", plaide Paris, qui "appelle à une transition politique pacifique et respectueuse de la diversité du peuple syrien, qui protège les civils et toutes les minorités, conformément au droit international".
"L'Etat de barbarie est tombé. Enfin", a déclaré Emmanuel Macron quelques heures plus tard, sur le réseau social X. Le président a rendu "hommage au peuple syrien, à son courage, à sa patience". "La France restera engagée pour la sécurité de tous au Moyen-Orient", a-t-il garanti.
Côté européen, la cheffe de la diplomatie de l'UE a salué la chute de Bachar al-Assad. "La fin de la dictature d'Assad est un développement positif et attendu depuis longtemps. Cela montre également la faiblesse des soutiens d'Assad, la Russie et l'Iran", a déclaré Kaja Kallas sur X.
Bachar al-Assad a "démissionné", selon le Kremlin
La Russie, principale alliée du régime de Bachar al-Assad, a affirmé dimanche que le président syrien avait "décidé de démissionner de son poste" à la suite de "négociations avec un certain nombre de participants au conflit armé". Il "a quitté le pays en donnant l'instruction de procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. "Les bases militaires russes sur le territoire syrien sont en état d'alerte. Aucune menace sérieuse ne pèse actuellement sur leur sécurité", a-t-elle ajouté.
L'Iran, autre soutien indéfectible de Bachar al-Assad, a déclaré souhaiter la poursuite de bonnes relations avec la Syrie. "Les relations entre l'Iran et la Syrie ont une longue histoire et ont toujours été amicales", a souligné le ministère iranien des Affaires étrangères, disant "s'attendre à la poursuite" de ce type de relations.
Le président élu américain, Donald Trump, a affirmé dimanche que le président syrien avait "fui" après avoir perdu le soutien de Moscou, son principal allié. "La Russie, dirigée par Vladimir Poutine, n'avait plus envie de le protéger, a écrit le président élu américain sur son réseau Truth Social. La Russie et l'Iran sont affaiblis en ce moment, la première à cause de [la guerre] en Ukraine et une mauvaise économie, le deuxième à cause d'Israël et de ses succès militaires."
Plus tôt dans la matinée, la Maison Blanche avait rapporté que "Joe Biden et son équipe suivent les événements extraordinaires en Syrie et sont en contact permanent avec [leurs] contacts régionaux". L'Italie suit, elle aussi, la situation "avec attention", a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur X, ajoutant avoir convoqué une réunion d'urgence. Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié dimanche de "bonne nouvelle" la fin du régime de Bachar al-Assad en Syrie, tout en appelant à la protection de tous les groupes religieux et minorités du pays et à une solution "politique". L'Ukraine a, elle, affirmé que la chute de Bachar al-Assad démontrait la "faiblesse" du régime de Vladimir Poutine : "Assad est tombé. Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi pour les dictateurs qui misent sur Poutine. Il trahit toujours ceux qui comptent sur lui", a affirmé sur X le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga.
Les Syriens appelés à éviter "le chaos"
Le ministère chinois des Affaires étrangères a dit espérer, dimanche matin, que la Syrie "retrouvera la stabilité dès que possible", après la prise du pouvoir par les rebelles. "Le gouvernement chinois a activement aidé les citoyens chinois désireux de quitter la Syrie de manière sûre et ordonnée, et a maintenu le contact avec les citoyens chinois restés" sur place, a ajouté le ministère, qui avait conseillé jeudi à ses ressortissants de quitter le pays "dès que possible".
Les Emirats arabes unis ont, eux aussi, appelé à la mesure, dimanche matin. Un haut responsable a exhorté les Syriens à travailler ensemble pour éviter "le chaos", dans la première réaction d'un pays arabe à la chute de Bachar al-Assad. Ce responsable a refusé de confirmer ou d'infirmer les informations selon lesquelles le président syrien se serait réfugié dans son pays. "Je ne pense pas que ce soit important", a-t-il déclaré devant la conférence Manama Dialogue, à Bahreïn.
Mêmes propos du Qatar. Le pays a déclaré qu'il "suivait de près les développements en Syrie" et souligné "la nécessité de préserver les institutions nationales et l'unité de l'Etat pour l'empêcher de sombrer dans le chaos", selon le ministère des Affaires étrangères. Le Qatar, qui avait soutenu les manifestants descendus dans la rue en 2011 contre le gouvernement syrien, est resté critique de Damas et n'a pas renoué avec lui comme l'ont fait plusieurs pays arabes en 2023. Le ministère des Affaires étrangères a également appelé "toutes les parties à engager le dialogue pour préserver la vie des citoyens", tout en exprimant le "soutien inébranlable du Qatar au peuple syrien et à ses choix".
"Un moment décisif" pour la Syrie
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a jugé dimanche que "le régime d'Assad s'est effondré et le [pouvoir] dans le pays a changé de mains". "Bien entendu, cela ne s'est pas produit du jour au lendemain. Cela fait 13 ans que le pays est dans la tourmente", a-t-il souligné.
Israël, autre pays voisin de la Syrie, a salué, avec la fin du régime syrien de Bachar al-Assad, la chute d'un "maillon central" de "l'axe du mal" dirigé par l'Iran, Benyamin Nétanyahou y voyant "une conséquence directe" des coups portés par son pays à Téhéran et au Hezbollah libanais. "C'est un jour historique dans l'histoire du Moyen-Orient", a déclaré le Premier ministre israélien depuis le Golan syrien occupé et annexé par Israël. Le pays a par ailleurs annoncé avoir déployé des forces dans "plusieurs points clés nécessaires à la défense afin d'assurer la sécurité des communautés du plateau du Golan et des citoyens israéliens", "à la lumière des développements en Syrie et sur la base de (...) la possibilité que des groupes armés pénètrent dans la zone tampon".
De son côté, l'émissaire des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, a estimé que le pays se trouvait à "un moment décisif", après presque 14 ans d'une guerre civile qui a été "un chapitre noir" de l'histoire du pays. "Aujourd'hui, nous regardons vers l'avenir avec des espoirs prudents d'ouverture, (…) de paix, de réconciliation, de dignité, et d'inclusion pour tous les Syriens", a-t-il déclaré.
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