Surprise par la chute éclair de Bachar al-Assad, la Russie avance dans le flou

Le Kremlin semble avoir été surpris par la chute de Bachar al-Assad, tout en restant évasif sur le sort du dictateur déchu. Protecteur du régime syrien pendant 10 ans, Moscou tente désormais de se projeter dans l'après Assad.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Bachar al-Assad, alors président de la Syrie, et son homologue russe Vladimir Poutine, le 7 janvier 2020 à Damas (Syrie). (ALEXEY DRUZHININ / SPUTNIK)

Le Kremlin, longtemps protecteur du régime, semble déjà être passé dans l'après Assad et reste très évasif sur le sort du dictateur syrien. Peu d'informations sont sorties de la conférence de presse du porte-parole du Kremlin lundi 9 décembre, alors que dans la nuit, Moscou avait annoncé que Bachar al- Assad avait trouvé refuge en Russie. Dimitri Peskov a cependant refusé de dire où se trouvait précisément Bachar al-Assad et sa famille. Tout juste a-t-il lâché que la décision de leur accorder l'asile avait été prise par Vladimir Poutine lui-même.

Après avoir tiré les ficelles sur le théâtre syrien pendant près de 10 ans, le Kremlin semble dans le flou le plus total, admettant même qu'il a été surpris par la rapidité avec laquelle la rébellion avait renversé le régime de Damas, comme "le monde entier" a affirmé Dimitri Peskov. Sauf que la Russie n'est pas le monde entier quand on parle de Bachar al-Assad.

Personne ne sait pour le moment si l'ex-leader syrien a rencontré ou va rencontrer Vladimir Poutine. La seule chose qui semble claire, c'est que Moscou est déjà passé dans l'après Assad. Le vice-président du Sénat russe a déclaré dimanche soir que la population syrienne allait devoir affronter seule une guerre civile de grande ampleur, donc dans son esprit sans la protection de la Russie. Et comme un symbole, le nouveau drapeau syrien à trois étoiles rouges flottait sur l'ambassade de Syrie lundi matin en plein centre de Moscou. L'ancien, à deux étoiles vertes et symbole du règne des Assad, avait été discrètement retiré dans la nuit.

Moscou perd la main sur le dossier syrien

Un autre signe ne trompe pas : sur les réseaux sociaux, beaucoup de comptes affiliés au Kremlin alimentent les commentaires, disant en creux que la Russie n'a pas besoin de la Syrie, que ce n'est pas la priorité. La priorité reste donc l'Ukraine. Cette crise a également montré que la Russie n'avait sans doute plus les moyens d'entretenir un dispositif lourd en Syrie. Mais elle va aussi probablement perdre des bases militaires en Méditerranée dans l'affaire, ce qui constituerait un camouflet, même si leur sort n'est officiellement pas réglé.

L'intervention en Syrie en 2015 était le symbole du retour du Kremlin sur la scène internationale, de son retour dans le club restreint des puissances capables de projeter une force militaire et d'intervenir dans un conflit. Tout cela a disparu en 10 jours, Moscou n'ayant plus la main dans ce dossier.

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