: Témoignages "Ils ont pris nos noms et ont commencé à nous menacer" : une famille qui a travaillé pour Bachar al-Assad contrainte de fuir la Syrie
"Aujourd'hui, la Syrie est purifiée" : dès dimanche et la chute du pouvoir en Syrie, le chef des rebelles, Abou Mohammad al-Jolani, a salué une victoire "historique" qui a "purifié" la Syrie, s'exprimant dans la célèbre mosquée des Omeyyades, à Damas.
Trois jours plus tard, si des habitants fêtent toujours la chute de Bachar al-Assad dans la capitale syrienne contrôlée par le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le monde entier reste désormais attentif à la manière dont se comportent ces troupes rebelles menées par des islamistes, notamment envers ceux qui travaillaient pour le régime de Bachar al-Assad.
"Il nous a dégagés comme des malpropres"
Franceinfo a pu rencontrer une famille menacée et obligée de fuir. Ils sont sept, la peur encore figée sur leurs visages, les corps vacillant sous le poids des bidons d'eau qu'ils portent et des valises qu'ils traînent. Le père, la mère et leurs cinq enfants ont dû fuir sans délai : "On a faim, mes enfants sont en train de tomber malade, on n’a pas d'argent, on a tout laissé chez nous. Mes enfants vivent une vie que même des chiens ne pourraient supporter."
Cette mère de famille sait que leur vie d'avant est terminée, qu'ils ne sont plus les bienvenus en Syrie. Elle et son mari poursuivent le récit de ces dernières heures. "Le propriétaire de la maison nous a dégagés comme des malpropres. Il était armé, il nous a laissé 24 heures pour partir", raconte-t-il.
Des actes de vengeance dans certains quartiers
Résultat, cette famille a dû quitter Damas à pied pour rejoindre le Liban. "Les rebelles ne nous ont rien dit, ne nous ont pas menacés. Moi j'avais une arme, ils m'ont juste pris mon arme", ajoute-t-il. Alors pourquoi ont-il fui ?
Après de longues minutes d'échanges, il finit par admettre qu'il travaillait pour le régime de Bachar al-Assad. "J'ai combattu avec le Hezbollah, mon arme vient de là, explique le père. Je me suis battu pour Bachar, pour le régime syrien. Et quand il est tombé, ils ont pris nos noms et ont commencé à nous menacer..."
"Ils nous ont écrit sur WhatsApp en nous disant que tous ceux qui se battaient pour le régime seraient exécutés, qu'ils viendraient nous chercher, évidemment on a eu peur."
Le père de familleà franceinfo
Cet homme ne dit pas qui sont ces personnes qui l'ont menacé, il ne désigne pas non plus le groupe rebelle HTS. Selon plusieurs témoignages recueillis à Damas, il y a dans certains quartiers des voisins qui saisissent cette opportunité pour se venger et écarter ceux qui ont travaillé pour le régime de Bachar al-Assad.
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