: Témoignages "On ne sait même pas s'il est encore vivant" : en Syrie, des familles de détenus recherchent leurs proches dans la prison de Saydnaya
L’offensive rebelle en Syrie a permis de libérer au cours du week-end la prison de Saydnaya, surnommée "l’abattoir humain". Franceinfo a pu rencontrer des familles à la recherche de leurs proches. Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad dimanche 8 décembre, des milliers de Syriens se pressent chaque jour pendant des heures devant cette prison située à une trentaine de kilomètres de Damas.
"J'ai mon frère là-bas, raconte Mohammed, qui a fait le voyage depuis le sud de la Syrie. Ça fait 13 ans qu'il est enfermé. Il a été arrêté car il a manifesté pour plus de liberté. C'était en 2011, au début de la révolution. Et depuis, on n'a aucune nouvelle. Rien du tout. On ne sait pas ce qu'il est devenu. On ne sait même pas s'il est encore vivant. Je suis entré dans la prison et j'ai vu une chambre de torture où ils mettaient les prisonniers. Elle était remplie de sel."
"Ce régime était pervers, il n'avait pas de cœur, pas de pitié."
Mohamed, à la recherche de son frèreà franceinfo
La colère est sourde, mais les langues se délient. Tous les récits sont glaçants. Hisham est également à la recherche de son frère, arrêté il y a 31 ans. "Il n'a rien fait. Ils sont venus le chercher un jour à la maison et depuis, il est détenu ici, on n'a jamais pu lui rendre visite, déplore-t-il. Un jour, il disait qu'il était détenu ici et l'autre jour, il disait le contraire. Il y a des gens qui ont été déclarés morts à leur famille et qu'on a vu sortir de prison par la suite. Même les pharaons ne se comportaient pas comme ça"
"Ma voisine a cinq enfants en prison"
La dernière grande vague d'arrestations remonte au début de la révolution, en 2011. Fadi avait 18 ans. Il a participé régulièrement aux manifestations avant d'être arrêté par la police syrienne. "Ça fait douze ans déjà, raconte sa mère, Fatmeh. Que Dieu les maudisse, qu'ils payent pour ce qu'ils ont fait. Avec eux, la Syrie est devenue une prison. Je suis allée partout demander de ses nouvelles. J'ai donné de l'argent pour le faire libérer, mais on s'est moqué de moi pendant tout ce temps. Je ne suis pas la seule, ma voisine a cinq enfants en prison."
"Le régime a fait tout ça pour nous terroriser et se maintenir au pouvoir. Mais depuis deux jours, on n'a plus peur."
Fatmeh, dont le fils a été emprisonnéà franceinfo
Tous ont l'espoir de retrouver leurs proches vivants et espèrent que la justice sera rendue aux milliers de victimes de ce système carcéral au service d'un régime tyrannique.
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