Vidéo Après la chute de Bachar al-Assad en Syrie, France Télévisions a pu rencontrer des jihadistes français dans le pays

Nicolas Bertrand, envoyé spécial de France Télévisions en Syrie, a pu s'entretenir avec Omar Diaby, alias "Omar Omsen", un jihadiste originaire de Nice, à la tête d'une brigade composée de jeunes Français.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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"La rencontre a duré une quinzaine de minutes environ", raconte Nicolas Bertrand, l'envoyé spécial de France Télévisions en Syrie, samedi 14 décembre. Le journaliste et son équipe ont "pu rentrer à l'intérieur même du camp des jihadistes français" dans la région d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Ils ont été accueillis par Omar Omsen "en personne". De son vrai nom Omar Diaby, ce délinquant franco-sénégalais originaire de Nice, parti faire le jihad en Syrie en 2013, est désormais à la tête d'une brigade composée de combattants islamistes français.

Omar Omsen assure que sa brigade, s'est retrouvée "sur le front", "en première ligne", dans les combats qui ont entraîné la chute du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre. Le jihadiste en chef affirme que les vidéos montrant ses combattants en action, et qui ont circulé sur les réseaux sociaux, "ont été filmées par son fils", rapporte Nicolas Bertrand. Au cours de sa visite du camp jihadiste, le journaliste de France Télévisions a vu "une quinzaine de combattants", "entièrement équipés" et "armés", sur la "trentaine environ", qui constituerait l'unité combattante. "Ils vivent là-bas avec leurs femmes et leurs enfants", souligne l'envoyé spécial.

Le devenir de ces jihadistes français présents en Syrie préoccupe les autorités françaises, après la chute du régime et la prise de contrôle du pays par des groupes rebelles, emmenés par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Ce groupe est en conflit avec la brigade d'Omar Omsen, a rappelé dernièrement le procureur national antiterroriste Olivier Christen au Figaro.

Pour autant, le jihadiste français soutient qu'"en aucun cas, ni lui ni ses hommes aujourd'hui, ne souhaitent rentrer en France", précise Nicolas Bertrand. "On est trop bien ici", a lâché le leader jihadiste, selon des propos rapportés par l'envoyé spécial. "Il prétend qu'aucun de ses hommes ne préparerait un attentat sur le sol français", ajoute Nicolas Bertrand.

La visite du camp jihadiste ainsi que la rencontre avec son chef n'ont pu être filmées. Omar Omsen a expliqué avoir conclu une transaction financière avec d'autres médias en échange de son interview, une condition que France Télévisions n'a pas acceptée.

Rencontre entre un journaliste de France Télévisions et des jihadistes français en Syrie

Ancien délinquant devenu prêcheur notamment via internet, Omar Diaby travaillait en 2012 dans un snack halal à Nice, avant de rejoindre la Syrie en 2013. Soupçonné d'avoir convaincu de nombreux jeunes de rejoindre la région, il y a pris la tête d'une brigade jihadiste composée de Français, pour la plupart originaires comme lui du Sud-Est. Auteur de vidéos de propagande, il s'était autoproclamé imam. En septembre 2016, les Etats-Unis l'ont qualifié de "terroriste international".

Donné pour mort, il est réapparu dans un tournage diffusé par "Complément d'enquête" sur France 2 en 2016. S'il n'est pas directement soupçonné d'avoir organisé des attentats, Omar Omsen a approuvé l'attaque contre le journal satirique Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris. "Ceux qui ont insulté le prophète ont été exécutés. Il fallait faire ce que les frères Kouachi ont fait. J'aurais voulu être choisi pour faire cela", avait-il déclaré à France 2. 

Entre août 2020 et février 2022, Omar Omsen a été détenu par le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Il a rejoint la région d'Idleb, une des dernières poches échappant au contrôle du régime syrien. Il fait toujours l'objet d'un mandat d'arrêt de la justice française.

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