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Syrie: Donald Trump fait ses premiers pas contre Daech à Raqqa
Tout en multipliant les décrets qui font l’unanimité contre lui, Donald Trump semble vouloir progresser sur le dossier syrien. Pour la première fois, les Etats-Unis ont fourni des véhicules blindés aux Forces démocratiques syriennes pour l’offensive contre Raqqa, la capitale syrienne de l’EI. Une livraison sur base d’autorisations accordées sous Obama, mais honorée par la nouvelle administration.
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Si la stratégie de Donald Trump pour la Syrie reste aussi opaque que ses relations avec la Russie, il est possible de déchiffrer en creux les premiers pas qu’il vient d’effectuer dans ce bourbier sanglant et inextricable.
Des véhicules blindés américains livrés aux rebelles
Pour la première fois depuis que le soulèvement s’est transformé en conflit armé, les Etats-Unis ont livré des véhicules blindés aux Forces démocratiques syriennes (FDS) lancées depuis le 6 novembre 2016 dans la conquête de Raqqa, capitale autoproclamée de Daech en Syrie.
C’est Talal Silo, le porte-parole de ces forces dominées par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), mais comportant également des combattants arabes, qui a rendu publique l’information, estimant que cette livraison marquait une amélioration significative de l’aide américaine aux rebelles.
«Nous voyons des signes d’un soutien total de la nouvelle direction américaine, plus important qu’avant, à nos forces», a déclaré Silo. «Auparavant, nous ne recevions pas ce genre de soutien, seulement des armes légères et des munitions», a-t-il précisé.
Un porte-parole du Pentagone a confirmé de son côté la fourniture de ces véhicules blindés à la Coalition arabe syrienne, qui fait partie des FDS, a-t-il précisé. Une précaution oratoire pour ne pas froisser la Turquie qui voit dans les combattants du YPG un prolongement des indépendantistes «terroristes» du PKK.
PHOTO: IAG Guardian armored vehicles given to the #SDF by US - @BarzanSadiq pic.twitter.com/TenYrBG0ip
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— Conflict News (@Conflicts) January 31, 2017
Une livraison autorisée sous Obama et effectuée sous Trump
Il n’y a pas de changement de politique, a déclaré le major Adrian Ranki-Galloway, «le département de la Défense ne fournit de matériel et de formation qu’à la Coalition arabe syrienne». Objectif: aider ce groupe, dans son avancée vers Raqqa, à affronter la menace que constituent les explosifs artisanaux utilisés par l’EI, a-t-il indiqué.
Un autre responsable militaire américain, le colonel John Dorrian, a affirmé que la livraison des véhicules de type SUV a été effectuée «en vertu d’autorisations existantes», soit accordées sous l’administration du président sortant Barack Obama.
Les FDS qui piétinent depuis début janvier à une vingtaine de kilomètres de Raqqa et à cinq kilomètres de Tabqa, une ville stratégique à proximité du plus grand barrage du pays sur l’Euphrate, y ont vu toutefois l’illustration de l’engagement de Donald Trump contre les djihadistes. «Il y a eu des rencontres entre le FDS et des représentants de la nouvelle administration, et ils nous ont promis plus de soutien, notamment pour la bataille de Raqqa», a rappelé Talal Silo.
Le successeur d’Obama avait promis, lors de son discours d’investiture, d’éradiquer l’EI et les groupes du même genre «de la surface de la terre». Il a signé, le 28 janvier 2017, un décret demandant au Pentagone, à l’état-major interarmées et à d’autres organisations gouvernementales de lui soumettre d’ici fin février un plan sur la manière d’atteindre cet objectif.
L'encerclement progressif de Raqqa
Fortes d’un nouveau soutien logistique qualitatif, les FDS envisagent d’avancer dans leur opération d’encerclement progressif de Raqqa. Après la conquête des secteurs nord et ouest de la capitale syrienne du Califat, «la prochaine phase de notre campagne consistera à isoler complètement Raqqa», explique un responsable militaire kurde. «Pour y parvenir, nous devons atteindre la route entre Raqqa et Deir Ezzor. Ce sera une mission difficile», a-t-il reconnu.
La région pétrolière de Deir Ezzor constitue en effet la première zone de repli pour les djihadistes de Daech. Autant ceux qui fuient l’Irak face à l’offensive contre Mossoul, que ceux de Syrie refluant face à l’opération turque «Bouclier de l’Euphrate» et aux bombardements de la coalition américaine.
Est-ce en raison d’une situation toujours évolutive sur le terrain ou d’une incapacité à déterminer les participants aux négociations de Genève? L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé le report du 8 au 20 février des pourparlers entre le régime d’Assad et la rébellion, pour sortir le pays d’un conflit qui entrera en mars dans sa septième année.
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