Tentative de coup d’Etat en Turquie : 6000 personnes arrêtées, Erdogan veut éliminer "le virus"
Environ 6 000 personnes étaient en garde à vue ce dimanche en Turquie après la tentative de coup d’Etat a indiqué le ministre de la Justice Bekir Bozdag qui a ajouté que "le grand ménage continue" . Samedi déjà, plus de 3000 militaires ont été arrêtés ainsi que des centaines de juges et de procureurs pour leur soutien présumé à cette tentative de coup d’Etat qui a fait selon un dernier bilan donné par le ministère des Affaires étrangères à Ankara 290 morts dont 104 parmi les insurgés.
Des figures emblématiques de l'armée arrêtées
Selon le politologue et économiste Ahmet Insel, "c'est une véritable purge" qui s'organise en Turquie. Selon Ahmet Insel, le président Erdogan "profite de cette occasion pour faire un nettoyage beaucoup plus radical, ce qu'il n'arrivait pas à faire aussi facilement dans le cadre d'une situation normale" .
Parmi les militaires arrêtés, figurent 34 généraux. Certains d’entre eux sont des figures emblématiques de l’armée comme Erdal Ozturk, commandant de la troisième armée et Adem Huduti, commandant de la deuxième armée. Des militaires turcs qui avaient fui par hélicoptère après le coup d'Etat manqué en Turquie, ont été arrêtés en Grèce. Les huit hommes demandent l'asile, ils sont poursuivis pour entrée illégale en Grèce.
La purge ne se limite pas seulement à l’armée, elle concerne aussi les juges et les autorités judiciaires. 2 745 mandats d’arrêts ont été émis à l’encontre de juges et de procureurs dans tout le Pays. L'enquête sur le coup d'Etat raté a été confiée à des procureurs d'Ankara et les personnes arrêtées sont soupçonnées de liens avec le prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen. Accusé par le président Erdogan d'avoir fomenté cette tentative de putsch, l'imam a fermement démenti.
Le président Erdogan a promis d’éliminer "le virus" de toutes les institutions étatiques en allusion à son adversaire de longue date Fethullah Gülen. Le président Erdogan a demandé l'extradition de Fethullah Gülen à Washington.
Inquiétude à l'étranger
Cette purge qui a commencé immédiatement après l’échec du putsch a suscité des inquiétudes à l’étranger. Le président américain Barack Obama a rappelé à la Turquie "le besoin vital" que toutes les parties concernées "agissent dans le cadre de l'état de droit" .
En France, le chef de la diplomatie Jean-Marc Ayrault a réclamé ce dimanche le respect de l’Etat de droit en Turquie, refusant tout "chèque en blanc" au président Recep Tayyip Edorgan. "Il fallait condamner le coup d'Etat en Turquie, c'est la moindre des choses" , a déclaré Jean-Marc Ayrault. "Il ne faut pas faire de purges. Ceux qui ont porté atteinte à la démocratie doivent pouvoir être poursuivis dans le cadre de l'Etat de droit" , a répété Jean-Marc Ayrault. Ce samedi, le ministre des Affaires étrangères s'est entretenu avec son homologue turc.
"Les Européens sauront le rappeler lundi prochain encore à Bruxelles (où se tient un conseil des Affaires étrangères). Nous ne cesserons de répéter l'exigence démocratique vis-à-vis des Turcs ".
Interrogé par ailleurs sur la "fiabilité" d'Ankara en matière de coopération contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI), le ministre a répondu que "des questions se posaient" .
**A LIRE AUSSI ►►►Turquie : le président Erdogan reprend la main après une tentative de putsch
**
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.