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Liste noire et exécutions extrajudiciaires : ce que révèle l'enquête d'un journaliste sur la lutte antiterroriste française

Le journal "Le Monde" a publié, mercredi, des extraits de l'enquête du journaliste Vincent Nouzille, qui décrit les méthodes expéditives utilisées par l'Etat pour "éliminer" des cibles de haute valeur.

Article rédigé par franceinfo
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Des soldats français combattent le groupe Etat islamique près de Mossoul, en Irak, le 31 octobre 2016. (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Des permis de tuer. Dans le livre Erreurs fatales, publié mercredi 4 janvier, le journaliste Vincent Nouzille décrit les coulisses de la lutte antiterroriste française. Dans Le Monde, qui a publié des extraits de l'ouvrage, on apprend "comment la France dresse des listes nominatives de terroristes à éliminer, soumises à l’aval du président de la République, quitte à faire passer la justice au second plan", écrit le journal. Voici ce que révèle le livre de Vincent Nouzille.

Une liste de personnes à éliminer

Le livre parle d'une "liste de gens dont on peut penser qu'ils ont été responsables de prises d'otages ou d'actes contre nos intérêts", rapporte Le Monde. François Hollande disposerait ainsi d'une série de noms de personnes à éliminer. Des personnes que les militaires nomment "High Value Targets" (HVT), soit cibles de haute valeur.

Vincent Nouzille évoquait déjà cette liste dans son précédent ouvrage, Les tueurs de la République. Dans un entretien au JDD, le journaliste expliquait qu'elle était réalisée grâce à un travail commun de la DGSE et du renseignement militaire. "Il ne s’agissait pas de capturer les terroristes, de les blesser, d’en faire des prisonniers ou de les traduire en justice, il fallait les éliminer", ajoutait Vincent Nouzille. 

Des opérations spéciales menées à l'étranger

Le président et ses conseillers organiseraient des opérations spéciales qui viseraient ces cibles prioritaires. Classées "confidentiel Défense", d'après Le Monde, elles seraient réalisées dans le plus grand secret. "Selon nos sources, au moins une quarantaine de HVT ont été exécutées à l’étranger entre 2013 et 2016, soit par les armées, soit par la DGSE, soit encore, plus indirectement, par des pays alliés sur la base de renseignements fournis par la France", détaille le journal. Un nombre impressionnant, "jamais vu depuis 1950", ajoute le quotidien. 

Des "exécutions extrajudiciaires" qui inquiètent les juges

Ces opérations, que Le Monde qualifie de "froides représailles" et d'"exécutions extrajudiciaires", sont parfois réalisées clandestinement. Certaines d'entre elles, à l'étranger, ne feraient pas l'objet d'une opération militaire officielle. 

Ce grand flou juridique n'est pas sans inquiéter les juges. Ils "n’apprécient guère les exécutions extrajudiciaires décidées en haut lieu, qui s’apparentent, selon certains d’entre eux, à la réinstauration d’une peine de mort sans autre forme de procès", rapporte Le Monde.

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