Lutte contre le terrorisme : ce que l'on sait de l'arrestation d'un groupe d'ultra-gauche
Six hommes et une femme, âgés de 30 à 36 ans, ont été mis en examen. Ils sont soupçonnées d'avoir préparé une action violente.
Cela n'était pas arrivé depuis plus de dix ans et l'affaire Tarnac. La justice antiterroriste a mené un coup de filet dans le milieu de l'ultra-gauche avec l'arrestation de neuf personnes, soupçonnées d'avoir préparé une action violente. Sept ont été mises en examen vendredi 11 décembre pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle. Cinq ont été placées en détention provisoire et deux sous contrôle judiciaire. Voici ce que l'on sait de ces interpellations.
Six hommes et une femme d'une trentaine d'années
Neuf personnes ont été interpellées mardi à Toulouse (Haute-Garonne), Cubjac (Dordogne), à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et à Rennes (Ille-et-Vilaine). Deux personnes ont, depuis, été libérées, sans poursuite à ce stade. Sept autres ont été déférées après leur placement en garde à vue et mises en examen pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle. Il s'agit de six hommes et d'une femme, âgés de 30 à 36 ans. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) avait requis le placement en détention provisoire de six d'entre eux, mais le juge des libertés et de la détention ne l'a suivi que pour cinq personnes. Deux autres ont été placées sous contrôle judiciaire.
Selon les informations de franceinfo, un des suspects, Florian D., est considéré comme le "meneur". Ce militant anarchiste autonome a combattu pendant près de dix mois aux côtés des Kurdes au Rojava, une zone kurde autoproclamée autonome dans le nord-est de la Syrie. Depuis son retour en janvier 2018, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) surveillait cet homme.
Aucune cible exacte déterminée
Ce groupe est soupçonné d'avoir voulu préparer une action violente sur le territoire, ce qui justifie, selon une source judiciaire, le chef de mise en examen puisqu'il était question d'un "crime d'atteinte aux personnes" visant à "déstabiliser les institutions et la démocratie". Ces personnes étaient sous surveillance par les services de renseignements depuis plusieurs mois et les interpellations ont eu lieu dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en avril dernier. Récemment, des signaux ont fait penser aux enquêteurs que Florian D. était en train de constituer un groupe en vue de cette action violente. Selon les informations de France Télévisions, ils ont été "vus en train d'expérimenter de l'explosif sur un terrain agricole dans le centre de la France".
Dans le camion de cet homme, les forces de l'ordre ont trouvé de quoi fabriquer un engin explosif : du produit explosif TATP, des billes d'acier, mais aussi un fusil à canon scié, un revolver, une carabine 22 long rifle, un pistolet 22 long rifle, un couteau et des munitions. Au total, 15 armes ont été découvertes, dont 12 non déclarées, selon les informations de France Télévisions. Lors des perquisitions menées par la DGSI, du matériel de CRS a également été retrouvé au domicile de l'un des suspects : des jambières, un casque, un bouclier de maintien de l'ordre.
Pour l'instant, aucune cible exacte de leur présumé projet d'action violente n'a été déterminée. Le député Les Républicains Eric Ciotti évoque sur Twitter "des policiers", mais cette information n'est pas confirmée par la justice antiterroriste.
Une première depuis l'affaire Tarnac
"Chaque jour, les femmes et les hommes de la Direction générale de la sécurité intérieure protègent la République contre ceux qui veulent la détruire. Merci une nouvelle fois pour leur action contre ces activistes violents de l'ultra-gauche", a tweeté le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Chaque jour les femmes et les hommes de la direction générale de la sécurité intérieure protègent la République contre ceux qui veulent la détruire. Merci une nouvelle fois pour leur action contre ces activistes violents de l'ultragauche. https://t.co/ZEOS2L0EEy
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) December 11, 2020
Avant cette affaire, la dernière saisine connue de la justice antiterroriste pour des faits liés à l'ultra-gauche remonte à l'affaire de Tarnac en 2008, pour des soupçons de sabotage de lignes TGV. Les qualifications terroristes, objet d'un âpre débat, avaient été abandonnées par la justice avant le procès, qui s'était conclu par une relaxe quasi générale, à l'exception d'une condamnation à quatre mois de prison avec sursis.
Fin 2017, la revendication par des groupes d'ultra-gauche de trois incendies de casernes de gendarmerie avaient suscité des déclarations inquiètes de l'exécutif sur une possible résurgence de velléités terroristes de cette mouvance. Début 2020, le procureur de Grenoble avait demandé, en vain, au parquet antiterroriste de se saisir des actions revendiquées par l'ultra-gauche : une quinzaine d'incendies dans sa région commis en trois ans visant la gendarmerie et différentes institutions (mairie, église, services publics).
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