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Tokyo n'exclut pas un risque d'explosion dans le bâtiment du réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Fukushima

Le secrétaire général du gouvernement japonais l'a annoncé ce matin. Après les incidents sur les réacteurs n°1 et n°3, les inquiétudes proviennent du réacteur n°2. Des préparatifs sont en cours pour y injecter de l'eau de mer.De plus, l'état d'urgence a été déclaré dans une deuxième centrale, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Fukushima, le 13 mars 2011. (FranceTélévisions)

Le secrétaire général du gouvernement japonais l'a annoncé ce matin. Après les incidents sur les réacteurs n°1 et n°3, les inquiétudes proviennent du réacteur n°2. Des préparatifs sont en cours pour y injecter de l'eau de mer.

De plus, l'état d'urgence a été déclaré dans une deuxième centrale, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie atomique.

La même procédure a été entamée un peu plus tôt pour le n°3.

L'explosion du n°3 n'affecterait probablement pas la structure qui renferme le coeur du réacteur, a toutefois assuré Yukio Edano, jugeant peu probable que le combustible soit déjà entré en fusion.

De l'hydrogène se serait accumulé dans le bâtiment qui l'abrite. Son système de refroidissement est tombé en panne dans la nuit de samedi à dimanche.

Un accident, avec explosion et fuite radioactive suite à un problème de refroidissement, s'était produit samedi sur le réacteur n°1 de cette centrale située à 250 km au nord de Tokyo. Un accident consécutif au séisme et au tsunami dévastateurs de vendredi.

Accident nucléaire le plus grave de l'histoire du Japon
Cet accident avait été évalué par l'Agence de sûreté atomique au niveau 4 sur une échelle de 7. Le niveau 4 qualifie "les accidents n'entraînant pas de risque important hors du site", selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le terme "anomalie" est utilisé pour le niveau 1 et "incident" n'est employé que pour les niveaux 2 et 3.

Le niveau 4 est le pire connu jusqu'à présent au Japon, a précisé un responsable de l'agence internationale.

Le réacteur n°1 devait être arrêté le mois dernier
Samedi, le toit et les murs du réacteur n°1 de cette centrale construite il y a 40 ans se sont effondrés et une épaisse fumée blanche s'est échappée de la centrale. Cependant, l'explosion n'a semble-t-il pas touché le caisson du réacteur.

Le réacteur n°1 de devait être mis hors service le mois dernier après quarante ans de fonctionnement mais son permis d'exploitation avait alors été prolongé de dix ans.

Des "super pompiers" ont été envoyés à la centrale nucléaire de Fukushima, a annoncé le porte-parole du gouvernement japonais. "Le plus important est de refroidir le coeur du réacteur", a expliqué Bertrand Barré, conseiller scientifique d'Areva.

La population passée au scanner pour vérifier l'exposition aux radiations
L'exposition possible de la population aux est prise très au sérieux par les autorités. Des milliers de Japonais évacués des zones proches des installations nucléaires de Fukushima ont été passés samedi au scanner, angoissés par la crainte d'avoir été irradiés.

Au moins neuf personnes ont été irradiés, a annoncé dimanche l'Agence de sûreté nucléaire japonaise.

Déjà, samedi matin, la radioactivité reçue en une heure par une personne se trouvant sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima, correspondait à la limite de radioactivité à ne pas dépasser annuellement, indiquait l'agence Kyodo.

Evacuation dans un rayon de 20 km, mesures de précaution
Les autorités japonaises ont étendu samedi à 20 kilomètres le rayon d'évacuation des populations autour des centrales. Les télévisions nippones conseillent aux Japonais de se calfeutrer chez eux et de fermer leur fenêtre.

Les personnes à l'extérieur ont été invitées à utiliser un masque ou une serviette mouillée pour protéger leurs voies respiratoires, et de se couvrir au maximum pour ne pas exposer leur peau à l'air.

Une autre centrale nucléaire de la région, Fukushima n°2, connaissait aussi des problèmes de refroidissement sur quatre de ses réacteurs et la compagnie électrique Tokyo Electric Power (Tepco) a pris des mesures de prévention.

"Une catastrophe semblable à celle de Tchernobyl n'est pas possible"
C'est ce que nous a indiqué samedi Bertrand Barré, conseiller scientifique d'Areva et auteur du livre "Les 100 mots du nucléaire". Selon lui, une catastrophe semblable à celle de Tchernobyl n'est pas possible "car les installations sont différentes".

Il nous a précisé que la gravité de l'incident est au moins de 4 sur 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires ( INES). Par comparaison, la catastrophe de Tchernobyl a été classée 7, soit le niveau d'alerte maximal.

Le problème qui se pose à Fukushima ressemble à celui de Three Mile Island, aux Etats-Unis en 1979, estime Bertrand Barré, indiquant que l'accident avait été classé 5 sur l'échelle INES, ce qui correspond à un "accident entraînant un risque hors du site".

Le spécialiste remarque que l'extension du rayon d'évacuation de 10 à 20 km est une mesure sérieuse qui signifie des risques importants.

Des experts américains redoutent, eux, une catastrophe similaire

Le fait d'utiliser de l'eau de mer pour refroidir le réacteure est un "acte de désespoir", estiment des spécialistes américains de l'atome, rapporte le site LeMonde.fr.

"A ce stade, on fait face à une situation semblable à celle de Tchernobyl, où on commence à déverser du sable et du ciment" pour recouvrir le réacteur en fusion, a déclaré Peter Bradford, ancien directeur de la Commission de surveillance nucléaire américaine.

"Si cela continue, s'ils ne reprenne pas le contrôle de tout cela, on va passer d'une fusion partielle du coeur (du réacteur) à une fusion complète. Ca sera le désastre total", a déclaré pour sa part Joseph Cirincione, chef du Ploughshares Fund, lors d'une interview sur CNN, rapporte toujours Lemonde.fr

De son côté, André Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire en France, a estimé que "la situation est à l'évidence grave". Il souligne que le "point positif" est à voir dans la direction des vents qui pousserait vers le Pacifique une éventuelle pollution atmosphérique.


11 réacteurs affectés sur 55
Sur les 55 réacteurs nucléaires en fonctionnement au Japon sur 17 sites, onze réacteurs ont été affectés par le séisme, a indiqué vendredi soir l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN) qui suit l'évolution de la situation des centrales nucléaires japonaises.
Les centrales de Fukushima Daichi (6 réacteurs) et Fukushima Daini (4 réacteurs), situées dans le nord-est du Japon, sont plus particulièrement touchées.

Les réacteurs de plusieurs centrales se sont arrêtés automatiquement
Les réacteurs des centrales nucléaires situées dans les préfectures proches de l'épicentre se sont automatiquement arrêtés, une mesure d'urgence qui s'est déroulée "en toute sécurité", selon l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA).

Le séisme s'est produit, à 130 km à l'est de Sendai, au large de l'île de Honshu, à une profondeur de 24 km, selon l'institut américain de veille géologique(USGS). De fortes répliques ont été enregistrées par la suite.

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