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Tunisie : le gouvernement complètement isolé

Le Premier ministre tunisien Ali Larayedh semble désormais pris dans un étau. Après avoir dû signer une lettre engageant son gouvernement à démissionner au terme du mois de "dialogue national", il a perdu tout soutien des forces de sécurité intérieure. Celles-ci, qui avaient défendu Ben Ali jusqu'au bout lors de la révolution du 14 janvier 2011, lui reprochent d'avoir laissé s'installer l'insécurité dans le pays.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Reuters)

Le "dialogue national " entre le gouvernement islamiste et l'opposition, censé conduire le pays vers une transition politique et de nouvelles élections, a débuté vendredi. Ali Larayedh, le Premier ministre tunisien, a été forcé à signer une lettre engageant son gouvernement à démissionner au terme de ces pourparlers. 

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Réclamée depuis des mois par l'opposition, sa démission n'est pas une surprise en soi. Ce qui l'est plus, c'est le désaveu complet des forces de sécurité intérieures. Celles-ci, qui avaient soutenu Ben Ali jusqu'au bout en faisant preuve d'une extrême violence à l'égard des manifestants, ont complètement lâché le Premier ministre actuel. 

Ils accusent Laârayed d'être responsable de l'insécurité

Après de longues heures de discussions bercées par l'hymne national tunisien, ils ont, lors d'une conférence de presse, acté clairement leur désaccord avec le gouvernement. Pour le secrétaire général adjoint, Mohamed Zitouni, Ali Layaredh a laissé l'insécurité s'installer dans le pays. 

"Le chef du gouvernement est responsable devant le peuple tunisien pour l'insécurité. L'homme qui doit être jugé, pour nous, c'est le chef du gouvernement tunisien. C'est lui qui a affaibilit le ministère de l'Intérieur", a-t-il expliqué

Six gendarmes tués

Mohamed Zitouni fait directement référence aux six hommes de la Garde nationale tombés face à des groupes djihadistes mercredi, ainsi qu'aux soldats et policiers abattus ces derniers mois sur le mon Chaambi.

Selon le porte-parole du syndicat Chokri Ramada, ces drames n'auraient pas eu lieu si le gouvernement avait donné des moyens aux forces de l'ordre : "On est soutenus par nos familles et par le peuple tunisien. Le gouvernement, son soutien, on ne le  voit pas clairement. Avec une décision claire et nette du côté politique, on ne serait pas là ".

"Les gens savent maintenant que le peuple aura le dernier mot"

Au coeur de la crise politique tunisienne, les forces de sécurité ont donc choisi leur camp. Le secrétaire général Medhi Roueja affirme qu'elle soutiendront le peuple, après avoir tenté de lui résister lors de la révolution du 14 janvier 2011. 

"On a retenu la leçon de ce qui s'est passé avant le 14 janvier. On était obligés d'être contre la volonté du peuple. On ne va pas être agressifs comme la dernière fois. On est contre personne, on cherche à gagner la confiance du peuple ", explique-t-elle. 

Le Premier minister tunisien a donc reçu un message, le jour de sa démission : il ne peut plus compter sur les forces de sécurité intérieures. 

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