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Accord de Paris sur le climat: Donald Trump pris dans ses contradictions

Donald Trump, à la Maison Blanche depuis 100 jours, avait promis durant sa campagne de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat. Cet accord, qui oppose la vielle économie du charbon à la nouvelle économie solaire, fait l’objet d’intenses tractations au sein de l’administration américaine. Plutôt qu'un retrait officiel, le président américain pourrait se contenter de ralentir son application…
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Donald Trump signe un décret qui met fin au plan Obama de réduction des émissions de CO2 dans les centrales à charbon (mars 2017). (AFP/ jim Watson )

Le doute plane toujours sur le sort que Donald Trump compte réserver à l’Accord de Paris ratifié par Barak Obama qui s’était engagé à réduire les émissions américaines de gaz à effet de serre de 26% d’ici à 2025. En effet, personne ne peut forcer la nouvelle administration à engager des actions.

Donald Trump n'a cessé durant sa campagne électorale de dénoncer un «mauvais» accord. Une rhétorique qui lui a permis d’obtenir les voix des ouvriers des industries en déclin, mais qui entrave le secteur de la nouvelle économie solaire et éolienne, grande créatrice d’emplois.

Retrait ou renégociation
Le patron de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, a récemment plaidé pour un retrait de cet accord estimant que «c'était une mauvaise affaire pour l'Amérique (…), qu’il avantageait surtout la Chine, le plus gros émetteur mondial de CO2 devant les Etats-Unis.»

Le 25 avril 2017, le secrétaire américain à l'Energie, Rick Perry, a déclaré de son côté: «Les Etats-Unis doivent rester dans l'Accord de Paris sur le climat, mais en renégocier les termes.» L’accord ratifié à ce jour par 175 pays ne peut, à l’évidence, être renégocié, mais il pourrait être ralenti dans son application.

Plutôt que de se retirer officiellement de cet accord historique, Donald Trump pourrait simplement le vider de sa substance, comme il a commencé à le faire en balayant l’essentiel de la politique climatique de son prédécesseur. Barak Obama avait lancé un plan pour réduire de 32% les émissions de CO2 des centrales électriques à charbon du pays. Un plan stoppé le 28 mars 2017 par Donald Trump. «Mon administration est en train de mettre fin à la guerre contre le charbon», avait-il affirmé.

L’article 28 de l’Accord de Paris précise que sa dénonciation ne peut être notifiée que trois ans après son entrée en vigueur, avec effet du retrait une année plus tard. L’Accord étant entré en vigueur le 4 novembre 2016, ce n’est donc pas avant novembre 2020 que les Etats-Unis pourraient ne plus être comptés parmi les signataires. Une longue procédure.

Ralentir le mouvement
Mais dans les faits, Donald Trump n’a pas besoin de dénoncer officiellement cet accord, car celui-ci laisse les Etats libres de faire à peu près ce qu’ils veulent. Et donc de ne pas respecter leurs promesses, qui engagent notamment Washington à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Les Etats-Unis pourraient réduire leurs engagements financiers en faveur de la transition énergétique des pays pauvres, ce qui porterait un rude coup à l’équilibre de l’accord.

Pour rendre l’affaire encore plus complexe, des centaines d'entreprises américaines pressent Donald Trump de respecter les engagements pris par les Etats-Unis lors de la COP21. Elles y voient des opportunités économiques et redoutent de se retrouver isolées.
 
Un millier d'entreprises et d'investisseurs américains ont signé un appel en faveur d'une économie bas carbone baptisée Business Backs Low-Carbon USA. Parmi eux, des grands groupes, tels que Starbucks, Tesla, Nike, Monsanto, Ikea, Unilever ou Kellogg's, SolarCity.

Le Business Council for Sustainable Energy (BCSE), un groupement d'entreprises du secteur des énergies renouvelables, de l'efficacité énergétique et du gaz naturel vient ainsi d'adresser une lettre au chef de la diplomatie Rex Tillerson pour lui demander de ne pas sortir des engagements signés lors de la COP21.

Un énorme marché
A  long terme, les experts estiment que les pays signataires de l'Accord de Paris devront investir 23.000 milliards de dollars pour atteindre les objectifs fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Autant de marchés à conquérir.

«Malgré l'incertitude sur le virage que va prendre le gouvernement américain, les entreprises américaines ont déjà amorcé leur conversion à l'économie verte, en investissant massivement dans le solaire et les énergies propres», s'est félicité le directeur du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Erik Solheim. Le secteur des énergies renouvelables employait 800.000 Américains en 2016 et l'industrie solaire progresse à un rythme annuel de 25%.

Quand bien même Donald Trump mettrait à exécution ses menaces de sortie de l'Accord de Paris, la Chine et l'Union européenne prendraient les rênes du mouvement pour mettre en application les objectifs de réduction des gaz à effet de serre, explique optimiste Erik Solheim. Mais tout ralentissement peut remettre en cause l’objectif, déjà difficile à tenir, de rester en deça des 2° de hausse des températures.

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