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Aux Etats-Unis, la NRA, lobby pro-armes à feu, fait la pluie et le beau temps
Sur les terres de l'Oncle Sam, le permis de posséder une arme remonte au 18e siècle. C'est inscrit dans le deuxième amendement de la Constitution. Chaque fois que ce droit fondamental semble menacé par des contrôles renforcés du commerce des armes, comme l'a réclamé le président Obama, les associations de promotion des fusils et pistolets dégainent. Au premier rang: la National Rifle Association.
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En Amérique, on n'a pas la gâchette facile que dans les films. Les écoles, les universités, les centres commerciaux sont tour à tour le théâtre de tirs meurtriers. Avec une spéciaité locale: la tuerie de masse. En 2015, il y a eu plus de 350 tueries massives, soit quasiment une par jour. C’est une trentaine de plus qu’en 2014 et presque autant qu’en 2013, selon les données du Mass Shooting Tracker, qui tient en ligne les comptes des massacres de citoyens par arme à feu perpétrés par un ou plusieurs individus. Plus largement, chaque jour aux Etats-Unis, 90 personnes trouvent la mort par balle.
Autre calcul réalisé par la presse d'outre-Atlantique à l'automne 2015: depuis 2004, les armes ont fait plus de 316.000 morts sur le sol américain (dont environ deux tiers de suicides), le terrorisme 313... seulement, pourrait-on dire.
Le 6 janvier 2016, à un an de la fin de son mandat, Barack Obama a dit «ça suffit». Il a défendu sa volonté de renforcer le contrôle des antécédents des acheteurs d'armes à feu et estimé que la trop grande facilité d'achat de ces armes dans les foires ou sur internet n'avait aucun sens.
Les clés du succès de la NRA: un travail de terrain et beaucoup d'argent
Mais dans un pays qui compte davantage d'armes individuelles que d'habitants, aménager un tant soit peu la législation existante se heurte systématiquement aux associations de promotion des armes à feu. En tête, la NRA (National Rifle Association), l'un des lobbys les plus puissants du Congrès à Washington. Sa capacité à apporter ou à retirer des votes à des candidats, selon leur positionnement face à l'usage des armes, est légendaire. Elle fait et défait les assemblées.
Son secret: un minutieux travail de terrain et une facilité à mettre suffisamment d'argent sur la table pour arriver à ses fins. Ainsi, lors des élections de mi-mandat, en 2014, la NRA a dépensé 12 millions de dollars. 95% des candidats qu'elle favorisait ont été élus.
Sous couvert de défendre une sacro-sainte «liberté», le lobby pro-armes à feu est avant tout un moyen de préserver de juteux intérêts. 8,5 milliards de dollars de recettes annuelles, et 10.000 emplois, selon certaines estimations.
L'organisation qui, après la guerre de Sécession, s'est implantée en 1871 dans l'Etat de New York sous le nom d’American Rifle Association, revendique aujourd'hui plus de cinq millions de membres. D'abord consacrée à la chasse et à l'apprentissage du tir, l'association est devenue au fil des ans et de la starisation de sa hiérarchie (l'acteur Charlton Heston en a été le président de 1998 à 2003), l'influent et redouté lobby actuel.
La question qui tue: «Comment arrêter un bad guy avec un flingue?»
Le port d'arme est un droit tellement ancré en chaque Américain qu'après chaque fusillade de masse, même si l'opinion est choquée dans un premier temps, la vente d'armes à feu redouble. «Quand l'Amérique a peur, elle achète des armes», explique le propriétaire d'une armurerie, cité par Sputnik France. En Floride, où se trouve le taux le plus élevé d'armement des particuliers, les femmes se mettent elles aussi à fréquenter les magasins d'armes.
Il est encore loin le jour où l'on n'entendra plus aux Etats-Unis le slogan fétiche de la NRA qui pose cette question: «Comment arrêter un bad guy armé d'un flingue? Avec un good guy armé d'un flingue.»
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