Cuba, morose, fête 50 ans de Révolution
Santiago de Cuba, hier soir. C'est ici, dans l'est de l'île, que Fidel Castro et ses "barbudos" proclamaient le 1er janvier 1959 le début du "triomphe de la révolution" et la victoire sur le dictateur Fulgencio Batista, après une guérilla de 25 mois. Cinquante ans plus tard, sur le même balcon où son frère aîné avait clamé le célèbre "hasta la victoria siempre", Raul Castro a lancé les austères célébrations du cinquantenaire dans une ambiance morose.
A peine 3.000 personnes rassemblées pour écouter le président cubain, peu de vivats, aucune liesse populaire... On est loin des manifestations de soutien unanime au régime cubain. Pire, le symbole vivant de la révolution, Fidel Castro, n'est même pas apparu en public. Grand absent de son auto-célébration, le "Lider maximo" a publié un bref communiqué à la "une" du quotidien officiel, Granma, pour féliciter les Cubains, laissant à son cadet le soin d'expliquer à son "peuple héroïque" que les difficultés économiques n'allaient pas s'améliorer.
Vêtu d'un anachronique uniforme militaire, le général Raul Castro, 77 ans, a tenu un discours très ferme et pas très novateur contre l'"ennemi" américain, qui "ne cessera jamais d'être de par sa nature agressif, dominateur et traître", alors que le président élu américain Barack Obama, favorable au dialogue avec Cuba, s'apprête le 20 janvier à prendre ses fonctions. "Non, nous ne nous faisons pas d'illusions, quand nous commémorons un demi-siècle de victoires, une réflexion s'impose sur l'avenir, sur les prochains 50 ans, qui seront aussi une lutte permanente", a prévenu Raul Castro, estimant que les temps seraient "peut-être encore plus difficiles".
Le pays, frappé en 2008 par trois ouragans qui ont causé selon les autorités 10 milliards de dollars (20% du PIB) de dégâts, est toujours officiellement en "période spéciale en temps de paix". Celle-ci a été décrétée au moment de la chute de l'URSS en 1991, qui avait entraîné d'énormes pénuries sur l'île et un nouvel exode de milliers de Cubains, dont le salaire moyen de 15 euros par mois ne permet pas de vivre décemment. La question des droits et libertés reste aussi un sujet sensible. Selon les dissidents exilés, 219 "prisonniers politiques" croupissent toujours dans les geôles cubaines.
Anne Jocteur Monrozier
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