D’anciens otages des FARC refont le portrait d’Ingrid Betancourt
Prés de huit mois après leur libération Keith Stansell, Thomas Howes et Marc Gonsalves dégainent. Ils menaient une opération anti-drogue en Colombie pour l'armée américaine, lorsqu'ils ont été enlevés en 2003 et se sont retrouvés prisonniers avec Ingrid Betancourt.
Dans “Out of Captivity” publié par HarperCollins aux Etats-Unis, ils évoquent ces 1.967 jours aux mains des FARC : les longues marches dans la jungle, les journées enfermés dans des cages, la peur constante d'être tués, et pour finir, leur libération par l'armée colombienne le 2 juillet dernier. Entre temps, ils n'épargnent pas Ingrid Betancourt.
Elle volait de la nourriture
Le premier contact avec elle fut glacial, assurent les Américains. Keith Stansell, le plus virulent, la décrit comme hautaine et égoïste. Il affirme qu'elle volait de la nourriture, gardait pour elle les rares livres disponibles, et qu'elle a même mis leurs vies en danger en disant aux guerilleros que les trois hommes étaient des agents de la CIA : “Je l'ai regardée essayer de prendre le contrôle du camp avec une arrogance incontrôlable (…) Certains des gardiens nous traitaient mieux qu'elle ne le faisait.”
Un autre moment de tension survint lorsque les otages durent remettre leurs radios à leurs ravisseurs. D'après le livre, l'ancienne candidate à la présidentielle colombienne réussit à garder la sienne en cachette, mais refusa de partager les informations qu'elle avait entendues. “Nous espérions qu'elle nous raconterait ce qu'elle avait entendu, notamment des messages de nos familles, mais elle n'en a rien fait”, assure M. Gonsalves.
Les trois auteurs se relaient tout au long de 457 pages pour raconter leur histoire. S'ils partagent la grande majorité des opinions de Stansell, Thomas Howes et Marc Gonsalves sont néanmoins un peu plus nuancés dans leur jugement sur Ingrid Betancourt.
Compétition masculine ?
Dans le livre, ils ont affirmé ne pas avoir de rancune, tout en reconnaissant que les conflits entre otages étaient fréquents. “On était littéralement dans des camps de concentration”, a dit Gonsalves. “On avait à peine la place pour respirer”.
Dans la jungle, les otages étaient en compétition pour un endroit où dormir, les maigres rations de nourriture, et le seul dictionnaire espagnol-anglais disponible. Des tensions qui se sont exacerbées lorsque Gonsalves a noué une tendre amitié avec Ingrid Betancourt. La jalousie aurait gagné les autres prisonniers mâles. D'ailleurs, dans certains autres passages du livre, les anciens prisonniers évoquent Ingrid comme une personne dotée d'une grande sensibilité.
Ni la Franco-Colombienne ni ses proches n'ont souhaité réagir à ces allégations.
En octobre dernier, Ingrid Betancourt avait annoncé qu'elle avait l'intention de s'isoler pour tenter d'écrire, elle aussi, un livre sur son épreuve dans la jungle colombienne.
Jamila Zeghoudi, avec agences
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