Etats-Unis : un sénateur démocrate clé dit "non" au grand plan social et écologique de Joe Biden
Joe Manchin, dont le vote est crucial pour faire adopter le texte par le Congrès, a déclaré dimanche qu'il voterait contre le plan "Build back better" ("reconstruire en mieux") de Joe Biden.
Game over. Le sénateur démocrate américain Joe Manchin a déclaré, dimanche 19 décembre, qu'il n'approuverait pas le gigantesque plan "Build back better" ("reconstruire en mieux") de Joe Biden. Ce refus pourrait sonner le glas de ce programme destiné à transformer l'Amérique, en luttant au passage contre le réchauffement climatique. "Je ne peux pas aller plus loin", a déclaré sur la chaîne Fox l'élu de Virginie-Occidentale, qui est depuis des semaines l'un des principaux obstacles à ce programme de réformes sociales et écologiques.
"Je ne peux pas voter pour ça", a ajouté Manchin, invoquant notamment la hausse des prix et l'ampleur de la dette. "Je ne peux tout simplement pas. J'ai essayé tout ce qui était humainement possible, je ne peux pas", a-t-il ajouté. "C'est non". Les déclarations du sénateur Manchin "sont en contradiction avec ses discussions cette semaine avec le président, avec le personnel de la Maison Blanche et avec ses propres déclarations publiques", a affirmé la porte-parole de l'exécutif, Jen Psaki, dans un long communiqué où transparaissait une frustration certaine.
Un homme d'affaires venu de l'industrie du charbon
Ce plan de 1 750 milliards de dollars prévoit notamment l'école maternelle pour tous, des crédits d'impôts pour les foyers américains et des investissements conséquents pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), moteurs du réchauffement climatique.
Il y a quelques mois, Joe Manchin, qui a fait fortune dans le charbon – l'énergie la plus émettrice de GES – et qui a reçu de nombreux fonds de l'industrie des énergies fossiles pour ses campagnes, avait déjà obtenu la suppression de la mesure la plus écologique du plan, un programme visant à encourager les énergies renouvelables. Un geste politique qui lui avait valu de faire partie de la liste des "douze salopards du climat" du journal The Guardian (en anglais).
Après un premier vote en novembre à la Chambre des représentants, où les démocrates avaient surmonté leurs différends internes entre centristes, inquiets de l'effet sur la dette, et l'aile gauche, qui voulait aller plus loin dans les dépenses, son adoption au Sénat a été reportée ces derniers jours. Le Sénat étant divisé (50 élus pour chaque camp), tout démocrate ou affilié a dans les faits ce qui s'apparente à un droit de veto sur tout projet de loi si les républicains serrent les rangs.
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