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Kerry, un secrétaire d'Etat d'expérience

Le sénateur démocrate John Kerry succède à Hillary Clinton après que celle-ci a réveillé par sa vitalité la diplomatie américaine. Homme de contact, il a l'embarras du choix pour traiter les dossiers chauds.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
John Kerry, secrétaire d'Etat américain, à l'ambassade américaine, à Kaboul, le 15 mai 2012.  (AFP/SHAH MARAI)

John Kerry, âgé de 69 ans, a acquis une notoriété internationale alors qu'il était le challenger démocrate du sortant républicain lors de l’élection présidentielle américaine de 2004. Sa carrière politique a commencé à son arrivée à son poste de sénateur du Massachussets en 1985, mandat pour lequel il a, depuis, été réélu sans discontinuer. En 2009, il prend la tête de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat. 
 
Il devient alors un interlocuteur privilégié de nombre de hauts responsables politiques de par le monde, n’hésitant pas à accepter des missions à Gaza, alors que le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par les Américains, est au pouvoir. Il se rend aussi en Syrie, où il rencontre plusieurs fois en 2010 le président Hafez al-Assad.
 
Capitaine courage
Issu d’un milieu patricien, John Kerry a fait ses études à Yale, après avoir passé une partie de son enfance en Europe, où son père a exercé une carrière diplomatique. Il est par ailleurs francophone, francophile, et a passé de nombreux étés dans une maison familiale, à Saint-Briac, en Bretagne (l'écologiste Brice Lalonde est son cousin). Mais il évite de mettre en avant cette particularité culturelle, pas toujours appréciée aux Etats-Unis... 
 
Pendant la guerre du Vietnam, il sert comme capitaine d’un patrouilleur sur le Mékong et prouve son courage lors d’opérations militaires qui lui valent plusieurs médailles. Une association d'anciens combattants avait, durant la campagne électorale de 2004, mis en doute sa vaillance au combat.

Malgré ce passé militaire, il a manifesté son hostilité aux guerres « ineptes ». En 2003, il prend position contre les mensonges entachant l’intervention américain en Irak tout en votant pour l’engagement des troupes américaines. 

Il n'hésite pas, par ailleurs, à dénoncer la politique extérieure des Etats-Unis: notamment les liens entre la CIA et les Contras au Nicaragua, lors de la fin du régime sandiniste. Il prône aussi des positions iconoclastes aux Etats-Unis, comme la levée des restrictions de voyager à Cuba pour ses compatriotes.


Priorité à la sécurité des Américains
Sa nomination par le président américain a été confirmée à une très large majorité par le Sénat (94 voix contre 3).
 
Lors de son discours devant les employés du gigantesque Département d'Etat, il a indiqué que tout ce qu'il fera «sera centré sur la sécurité et la sûreté» des 275 postes diplomatiques américains dans le monde après par l'attaque contre le consulat à Benghazi, en Libye, en septembre 2012. Au lieu de présenter son plan d'action, il a longuement joué de son histoire personnelle. Il a brandi devant ses nouveaux employés son premier passeport diplomatique reçu lorsqu'il était enfant, alors qu'il allait traverser l'Atlantique. En verve de confidences, il raconte que, vivant à Berlin, son passe-temps préféré était «de faire du vélo ... dans le secteur russe à Berlin-Est qui le frappait par sa dureté et sa désolation».  

Quel sera le style de cet homme sensible ? Pour Herman Cohen, ancien secrétaire d’Etat aux affaires africaines, Kerry «aime les négociations, il va chercher des solutions politiques» dans des dossiers comme «le Mali, le Congo, le Soudan».

L'urgence de la relance du processus de paix entre Israëliens et Palestiniens 
Attendu sur les gros dossiers comme la Syrie, le 68e secrétaire d'Etat a fait part de son intention de rencontrer «rapidement» le président palestinien Mahmoud Abbas pour discuter du processus de paix au Proche-Orient, bloqué depuis 2010. Sans oublier que la priorité du président Obama est de se désengager des terrains afghan et Irakien pour recentrer son action auprès des pays émergents. 

Un domaine sur lequel John Kerry pourra laisser sa marque est celui de l’amélioration des rapports avec l’Amérique du Sud. Cette relation devrait se dégeler avec la réforme du régime migratoire pour lequel les observateurs estiment que l’administration américaine devrait régulariser onze millions d’immigrés sans-papiers.

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