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Les Etats-Unis sanctionnent la Cour pénale internationale pour tenter d'empêcher des enquêtes sur des militaires américains

Washington a annoncé des restrictions de visas contre les personnes de la Cour pénale internationale responsables d'enquêtes contre des militaires américains.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Mike Pompeo à Washington, le 15 mars 2019.  (WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Les relations entre Washington et la Cour pénale internationale (CPI) ont toujours été tumultueuses, mais elles se sont considérablement détériorées, vendredi 15 mars. Les Etats-Unis ont annoncé des restrictions de visas pour tenter d'empêcher toute enquête de la juridiction contre des militaires américains. "J'annonce aujourd'hui une politique de restrictions de visas américains contre les personnes directement responsables pour toute enquête de la CPI contre des militaires américains", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo devant la presse. Il a également menacé de prendre "des mesures supplémentaires, y compris des sanctions économiques, si la CPI ne change pas d'attitude".

Début novembre 2017, la procureure de la CPI avait annoncé qu'elle allait demander aux juges l'autorisation d'ouvrir une enquête sur des crimes de guerre présumés commis dans le cadre du conflit afghan, notamment par l'armée américaine. L'institution judiciaire "continuera à faire son travail indépendamment, sans se laisser décourager, en accord avec son mandat", a réagi vendredi la CPI dans un communiqué.

"Impunité" pour les "bourreaux" 

L'administration de Donald Trump, élu sur le slogan "America First" ("l'Amérique d'abord"), a poussé à l'extrême la défiance à l'égard de plusieurs institutions multilatérales, et érigé la CPI, à laquelle les Etats-Unis ont refusé d'adhérer, en symbole d'un ordre mondial qu'elle souhaite chambouler.

L'organisation non-gouvernementale Human Rights Watch a dénoncé "une tentative brutale de punir les enquêteurs de la CPI pour la simple raison qu'ils font leur travail, à savoir enquêter sur des crimes de guerre". Cela "envoie un message clair aux bourreaux et meurtriers : leurs crimes peuvent continuer dans l'impunité", a déploré Andrea Prasow, de son bureau de Washington. Pour Stephen Pomper, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group, "les Etats-Unis devraient travailler à traquer les criminels de guerre, pas à intimider les procureurs". "Cela sape vraiment la légitimité des sanctions américaines", a estimé cet ancien conseiller du démocrate Barack Obama à la Maison Blanche.

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