Manifestations des jeunes pour le climat : "C'est assez étonnant qu'un président de la République méprise à ce point l'engagement politique"
Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France, réagit aux propos du président français qui appelle les jeunes "à faire bouger ceux qui ne le veulent pas", c'est-à-dire d'autres pays que la France.
"C'est assez étonnant qu'un président de la République méprise à ce point l'engagement politique", a réagi sur franceinfo lundi 23 septembre, Clément Sénéchal, chargé de campagne climat pour Greenpeace France après les propos d'Emmanuel Macron sur les manifestations des jeunes pour le climat. En route pour participer au sommet pour le climat de l'ONU à New York, Emmanuel Macron a notamment déclaré : "Les défilés de jeunes tous les vendredis, la pression mise sur tout le monde, c'est utile, mais ces incantations ne suffisent plus [...] et les dénonciations on est au courant."
Pour le porte-parole de Greenpeace, ces déclarations sont "totalement lunaires".
franceinfo : Emmanuel Macron se montre assez sceptique sur les grandes marches organisées par les jeunes pour le climat, il dit qu'il attend des jeunes une action collective, qu'est-ce que vous en pensez ?
Clément Sénéchal : C'est assez étonnant qu'un président de la République méprise à ce point l'engagement politique puisque c'est la quintessence de l'action collective. Ces jeunes, en s'engageant, se réapproprient leur avenir dans un monde qui leur offre si peu de futur et ce n'est pas en allant nettoyer des plages en Corse (référence aux propos d'E. Macron) qu'ils vont enrayer le changement climatique. C'est totalement lunaire comme déclaration.
Si l'Allemagne, la commission européenne, l'Union européenne, le Danemark, plein de pays commencent à bouger sur les questions climatiques, c'est précisément parce que la société civile est de plus en plus engagée.
Clément Sénéchal de Greenpeaceavec franceinfo
Le salut passe par l'engagement politique, la politisation de cette question climatique.
Emmanuel Macron est actuellement à New-York pour un sommet de l'ONU sur le climat. Un sommet sans les États-Unis, ni le Brésil, est-ce que ça sert à quelque chose ?
Bien sûr que cela sert à quelque chose, parce qu'il y a un écart grandissant entre ce que dit la science et ce que font les états. Les engagements qui sont sur la table ne sont pas au niveau de l'accord de Paris ; les politiques publiques ne suivent pas non plus, donc on ne parvient même pas à remplir ces premiers objectifs. La France est emblématique de cela, elle ne respecte pas ses propres objectifs climatiques. Les États-Unis et le Brésil sont effectivement des mauvais élèves mais il est trop facile de se défausser sur des pays qui sont climato-sceptiques pour essayer par contraste de briller. Les états qui ont signé l'accord de Paris ont la responsabilité historique d'agir et cela veut dire réguler l'économie pour parvenir à une économie "décarbonée" le plus rapidement possible.
Qu'attendez-vous de la France ?
Nous attendons deux choses de la France, premièrement qu'elle rehausse son ambition climatique, moins 55% ce serait la moindre des choses d'ici à 2030 en ce qui concerne les gaz à effet de serre. Et surtout, qu'elle présente des plans concrets. Le secrétaire général de l'ONU à raison de dire : "On en a marre des beaux discours, maintenant il faut des plans concrets". On a des objectifs dans tous les sens, mais pour l'instant on n'est pas capable de les atteindre. En France, on passe des textes de loi tous azimuts sauf que dans aucun de ces textes de lois, il y a des mesures structurantes qui permettent de réduire à court terme, de manière drastique, les émissions de gaz à effet de serre.
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