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La mairie de Paris dément le retrait définitif d'une statue de Voltaire visée par des dégradations

La sculpture a bien disparu de l'espace public, mais de façon temporaire en vue d'être nettoyée, assure la ville. Des personnalités politiques s'étaient émues de sa disparition.

Article rédigé par franceinfo
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Une statue de Voltaire au visage recouvert de peinture noire, le 14 avril 2020 dans le 6e arrondissement de Paris. (BAREA CARMEN / AFP)

Un philosophe des Lumières déboulonné sous la pression militante ? C'est ce qu'affirmait, lundi 17 août, un tweet (supprimé depuis) montrant une statue de Voltaire retirée de son piédestal et chargée sur un camion à Paris. Son auteur, anonyme et utilisant un compte dénommé Bureau of Brands, affirmait que ce retrait était "définitif". Dans la foulée, des personnalités, dont plusieurs élus LREM, se sont émues d'une décision qu'elles pensaient être une réponse à des pressions de militants antiracistes. Il n'en est rien, ont assuré le premier adjoint à la mairie de Paris et la mairie du 6e arrondissement, lundi après-midi.

La mairie demande sa réinstallation à l'Etat

"Le statue de Voltaire rue de Seine dans le 6e arrondissement a été nettoyée", a expliqué Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d'Anne Hidalgo. Propriété de l'Etat, l'œuvre a été remise au Centre national des arts plastiques (Cnap), a-t-il précisé, mais il assure que la mairie souhaite qu'elle soit réinstallée une fois remise en état.

La mairie du 6e arrondissement, où se trouve le monument, a confirmé que la statue avait été nettoyée et rendue au Cnap. Une décision prise "suite à des dégradations subies", a précisé le maire de l'arrondissement, Jean-Pierre Lecoq (par ailleurs membre de l'opposition parisienne). Lui aussi demande à l'Etat son rétablissement. Joint par franceinfo, il dit ignorer le temps nécessaire à la restauration de la statue. "Mais rassurez-vous ça sera plus rapide que la reconstruction de Notre-Dame", plaisante-t-il.

"On est contents. On pensait que c’était un nouvel épisode de déboulonnage de statue, mais ce n'est pas le cas", s'est félicité Jean-Pierre Lecoq auprès de franceinfo, mardi. "Il y a eu un défaut d’informations", estime celui qui dit avoir appris le retrait temporaire sur Twitter, "et un emballement sur les réseaux".

"Je ne comprends pas le message politique que l’on veut faire passer en enlevant une statue de Voltaire", avait ainsi dénoncé la députée européenne Irène Tolleret sur Twitter, avant le démenti de la mairie de Paris. "Quand le courage vient à manquer, la mémoire est outragée et la République abdique”, regrettait de son côté le député LREM de la Loire Jean-Michel Mis sur ce même réseau social. Informé de l'explication d'Emmanuel Grégoire, ce dernier a fait son "mea culpa" et retiré son message. L'auteur du tweet qui a mis le feu aux poudres a, lui, supprimé son compte, et donc son message également.

Au moins deux dégradations ces derniers mois

Si aucune dégradation n'est apparente sur l'image de la statue diffusée sur Twitter (qui ne montre pas la totalité de l'œuvre, et dont on ignore par ailleurs la date à laquelle elle a été prise), le maire du 6e arrondissement confirme à franceinfo qu'elle avait été prise pour cible : "Elle a été taguée deux ou trois fois au cours des six derniers mois."

Elle avait notamment été couverte de peinture rouge fin juin, rapportait alors France 24 (article en anglais), dans un contexte où d'autres statues avaient été dénoncées voire prises pour cible par des militants antiracistes en France et dans le monde. Si le mode opératoire utilisé contre la statue de Voltaire rappelle ces actions, cette dégradation n'avait pas été explicitement revendiquée. Par ailleurs, le visage de la statue avait également été recouvert de peinture noire en avril, bien avant la mort de George Floyd et le mouvement de contestation antiraciste qui a suivi. "Je n’ai vu aucun slogan spécifique" sur la statue, indique de son côté Jean-Pierre Lecoq à franceinfo.

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