Sarah Palin, Rudy Giuliani... Avec qui Donald Trump va-t-il gouverner les Etats-Unis ?
Quelques noms ont déjà fuité dans la presse américaine pour composer le futur gouvernement du nouveau président américain.
Pendant sa campagne, Donald Trump a su convaincre les électeurs, mais il ne s'est pas fait que des amis au sein de la classe politique. Elu président des Etats-Unis à l'issue du scrutin du mardi 8 novembre, le milliardaire new-yorkais doit désormais travailler à former son cabinet et nommer ses collaborateurs, dans l'optique de son investiture, programmée le 20 janvier prochain.
En froid avec un parti républicain qui l'a investi sans franchement le soutenir, cramponné à sa promesse de rejeter les élites et les professionnels de la politique "made in Washington", le président Trump n'a pas l'embarras du choix. Alors, qui pour assurer le rôle de secrétaire d'Etat ? Qui pour s'occuper des dossiers épineux tels que l'économie et l'environnement ? Franceinfo fait le point sur les noms qui circulent.
Avec les quelques républicains qui l'ont soutenu
Donald Trump a profondément divisé le parti républicain, poussant certains de ses membres éminents à s'abstenir, voire à voter pour la démocrate Hillary Clinton. Au moment de constituer son cabinet, il convient donc de remercier ceux qui, au sein du Grand Old Party, ont soutenu Trump l'"outsider". Parmi les fidèles figurent Newt Gingrich, ancien candidat aux primaires républicaines de 2012, et Rudy Giuliani. Le nom de l'ancien maire de New York est évoqué pour le poste de procureur général, le garde des Sceaux américain.
Selon la presse américaine, Newt Gingrich est pressenti pour occuper le poste de secrétaire d'Etat, l'équivalent du ministre des Affaires étrangères. Donald Trump envisagerait aussi la nomination à ce poste d'un républicain moins connu, l'ancien homme d'affaires Bob Corker, qui préside le comité des Affaires étrangères au Sénat. Electron libre républicain au Congrès, il avait défendu les positions du candidat Trump en matière de politique étrangère dès le mois de mai, bien avant que ce dernier ne reçoive l'investiture du parti. Quant au président du comité national républicain, rallié à Trump sur le tard, Reince Priebus, il pourrait devenir chef de cabinet.
Chris Christie à n'importe quel poste important
Chris Christie mérite bien un petit paragraphe à lui tout seul : le candidat aux primaires républicaines est devenu la risée d'une partie du pays pour s'être rapidement rallié, après son abandon, à l'ancien rival qu'il critiquait tant. Mais il pourrait bien être récompensé de son abnégation.
Selon Politico, le nom du gouverneur du New Jersey circule également pour le poste de procureur général, quand bien même il est empêtré dans un scandale dans son Etat, le "bridgegate", expliqué dans le détail par Le Monde (article payant).
Dans l'article consacré par Politico à la future équipe de Trump, son nom revient par ailleurs comme possible ministre de l'Intérieur. Enfin, avec le gouverneur républicain du Texas Rick Perry et l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee, Chris Christie apparaît sur la liste des possible secrétaire au Commerce.
Des chefs d'entreprise pour les questions d'argent
Tant pis pour la posture anti-Wall Street adoptée par Donald Trump tout au long de la campagne. Pour s'occuper des dossiers économiques pendant la campagne, Donald Trump s'est entouré de gens qui, comme lui, viennent du monde des affaires. Et il compte bien les garder à ses côtés, souligne la BBC (en anglais).
Ainsi, Steven Mnuchin, un ancien de la banque Goldman Sachs aujourd'hui à la tête du fonds d'investissement Dune Capital, pourrait décrocher le sécrétariat au Trésor. Au Commerce, le site évoque aussi les noms de Wilbur Ross et de Dan DiMicco, deux conseillers économiques du candidat Trump. Le premier est un investisseur milliardaire passé par Rothschild et l'autre un entrepreneur de l'acier.
Enfin, l'investisseur Tom Grady, un financier proche de Chris Christie, pourrait aussi rejoindre le cabinet de Donald Trump. Soit à l'Energie, soit à l'Intérieur, d'après Politico. Le pétrolier Forrest Lucas, co-fondateur de l'entreprise Lucas Oil, est lui aussi pressenti.
Des pétroliers à l'énergie et des climatosceptiques à l'environnement
Donald Trump ne croit pas au réchauffement climatique, un coup des Chinois selon lui. Il pense aussi qu'il existe un avenir pour le secteur du charbon, l'énergie fossile la plus polluante. Pas étonnant qu'il envisage donc d'attribuer le rôle du ministre de l'Energie à un pétrolier. Selon Politico, son conseiller et ami de longue date, le milliardaire Harold Hamm, PDG de Continental Ressources, tiendrait la corde.
D'ailleurs, au sein de son équipe de transition – chargée de lister les noms des potentiels futurs collaborateurs du président-élu –, les questions d'énergie ont été confiées à Michael Catanzaro, un lobbyiste du groupe Koch, relève The Intercept (en anglais). Or, le groupe Koch, tentaculaire, évolue à la fois dans les secteurs du pétrole et de la chimie. Nul doute qu'il trouvera un ministre susceptible de ne pas interférer avec la politique du groupe qu'il défend à Washington.
Enfin, chargé de nommer le directeur de l'Agence américaine pour l'environnement, le futur président a demandé au responsable énergie et environnement d'un institut conservateur, Myron Ebell, de lui trouver le meilleur candidat. Or, ce dernier est un climatosceptique convaincu, rappelait en septembre Scientific American (en anglais).
Quelques rescapés de l'ère Bush
Sa rivale Hillary Clinton l'a martelé : Donald Trump n'a aucune expérience du pouvoir. Le président-élu peut toutefois s'entourer de gens qui ont arpenté autrefois les couloirs de la Maison Blanche, comme Stephen Hadley, un ancien conseiller à la Sécurité intérieure de George W. Bush, pressenti à la Défense. L'ancien ambassadeur aux Nations unis de Bush fils, John Bolton, s'est quant à lui dit intéressé par un rôle au département d'Etat, avait relevé The Hill (en anglais).
Enfin, le président Trump pourrait confier le département du Travail à Victoria Lipnic. A la tête de l'Equal Employment Opportunity Commission, une agence qui planche sur l'élaboration de lois visant à réduire les discriminations, elle a été nommée en 2010 par Barack Obama. Elle qui a travaillé au ministère du Travail de 2002 à 2009, sous le mandat de Bush junior, présente un autre avantage : celui d'être une femme. Car il en manque, dans ce futur gouvernement.
Des femmes, quand même ?
Pour le New York Magazine (en anglais), ce futur cabinet n'est pas encore formé qu'il a déjà des airs de "fête de la saucisse". Il ne relève qu'une femme parmi les noms égrenés : Sarah Palin. L'ancienne colistière de John McCain en 2008, figure de proue du mouvement ultra-conservateur Tea Party, s'est d'ores et déjà déclarée intéressée par le poste de ministre de l'Intérieur. Donald Trump a lui-même déjà déclaré qu'il l'intégrerait volontiers à son gouvernement.
Les femmes sont en tout cas bien placées pour décrocher ce portefeuille, selon la liste établie par Politico : l'ancienne gouverneure de l'Arizona Jan Brewer, la gouverneure de l'Oklahoma Mary Fallin et la représentante du Wyoming Cynthia Lummis feraient partie des options étudiées par le clan Trump.
Alors candidat rattrapé par une foule de propos sexistes, Donald Trump avait déjà était interrogé sur sa volonté de travailler avec des femmes s'il était élu. Spontanément, il n'avait évoqué qu'un nom : celui de sa fille Ivanka. Cependant, sa nomination semble peu probable alors que les trois aînés Trump hériteront du business familial.
Des figures-clés de la campagne Trump
En s'installant à la Maison Blanche, Donald Trump envisagerait de prendre son directeur de campagne dans ses valises. Interrogé par CNBC sur la composition de la future garde rapprochée du président, Chris Christie a confirmé que "ceux qui ont travaillé dur tout au long de cette campagne" pouvaient être appelés à accompagner la présidence, citant Stephen Bannon et Kellyanne Conway, les deux artisans de sa fin de campagne. Politico estime par ailleurs que sa directrice de la communication, l'ancienne mannequin Hope Hicks, pourrait aussi s'installer dans l'aile ouest de la Maison Blanche.
Stephen Bannon, directeur du site Breitbart, bras médiatique du "Trumpisme" et icône de la droite de la droite américaine, un poste de proche conseiller ferait l'affaire, spécule USA Today (en anglais). Quant à Corey Lewandowski, premier directeur de campagne de Donald Trump, il pourrait l'accompagner en tant que chef de cabinet, selon une source proche des négociations citée par The Independant (en anglais).
Autre soutien pendant la campagne, le shérif conservateur du comté de Milwaukee, David Clarke, rejoint la compétition pour le poste de ministre de l'Intérieur, poursuit l'antenne locale de la chaîne NBC (en anglais). Il s'était notamment illustré pour sa critique du mouvement Black Lives Matter, né après des cas de violences policières sur des Noirs américains.
Et quelques ennemis d'hier ?
Dans son tout premier discours de président élu, Donald Trump a insisté sur son désir de réconcilier les Américains, appelant à travailler avec ses rivaux démocrates. Dans cette optique, il a téléphoné dès mercredi au sénateur Charles E. Schumer, lequel pourrait prendre la tête du camp démocrate au Sénat.
Chez l'adversaire, certaine personnalités tendent la main au président élu. Le socialiste Bernie Sanders a affirmé mercredi être prêt à travailler avec le nouveau président s'il "entend vraiment mener des politiques visant à améliorer les vies des familles de travailleurs dans ce pays". "S'il entend mener des politiques racistes, sexistes, xénophobes et contre l'environnement, nous nous opposerons vigoureusement à lui", a-t-il toutefois également mis en garde.
Sans aller jusqu'à l'autre côté de l'échiquier politique, Donald Trump envisage de faire de la place pour ses rivaux d'hier. Son ancien adversaire des primaires républicaines, le neurochirurgien Ben Carson, pourrait même devenir ministre de la Santé. Pendant la campagne, il ne l'avait pourtant pas épargné, l'accusant de n'avoir "jamais créé le moindre emploi de sa vie". Avant de nuancer "enfin, peut-être à l’exception d’une infirmière". Lui offrir le job de garde-malade des Américains pourrait bien amuser Donald Trump.
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