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Corée du Nord : "Pour l'instant, l'escalade verbale ne se transforme pas en escalade militaire" avec les États-Unis

Antoine Bondaz, chercheur en sciences politiques à la Fondation pour la Recherche Stratégique a expliqué, jeudi sur franceinfo, que l'objectif de la Corée du Nord n'est pas d'entrée en conflit avec les États-Unis.

Article rédigé par franceinfo
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La joute verbale se poursuit entre le leader nord-coréen, Kim Jong-Un, et Donald Trump, le président américain. (SAUL LOEB / AFP)

La tension n'en finit pas de croître entre les États-Unis et la Corée du Nord. Donald Trump a promis un déluge de "feu et de colère" sur la Corée du Nord. Pyongyang de son côté, menace de tirer quatre missiles près de l'île américaine de Guam. "Pour l'instant, l'escalade verbale ne se transforme pas en escalade militaire", a analysé Antoine Bondaz, chercheur en sciences politiques à la Fondation pour la Recherche Stratégique, spécialiste des Corées, jeudi 10 août sur franceinfo.

franceinfo : Doit-on prendre au sérieux cette escalade verbale entre États-Unis et Corée du Nord ?

Antoine Bondaz : Pour l'instant, l'escalade verbale ne se transforme pas en escalade militaire. Les pays de la région, comme la Corée du Nord, les États-Unis, mais aussi les alliés des Américains, n'ont aucun intérêt à ce qu'il y ait une escalade militaire. Tout le monde serait perdant. Les déclarations, [mercredi], des dirigeants européens est quelque chose sans précédent, notamment de la chancelière Angela Merkel qui appelait directement la Corée du Nord, mais aussi l'administration Trump à la retenue. Le problème des États-Unis est qu'il n'y a pas de stratégie claire et cohérente vis-à-vis de la Corée du Nord. Cela explique la cacophonie au sein de l'Administration Trump. Côté Nord-Coréens, il y a une certaine imprévisibilité, mais en aucun cas une irrationalité. L'objectif de la Corée du Nord n'est en aucun cas de déclencher une guerre. Elle serait quasiment sûre de la perdre et cela conduirait à un effondrement du régime. Sa survie est l'objectif principal. C'est même le seul objectif des autorités nord-coréennes.

Comment se passe le travail des diplomates dans ce regain de tension entre les deux pays ?

Il est extrêmement difficile pour les diplomates américains de travailler. Il y a peu de canaux de communication entre les deux pays. Il y a celui de New-York avec les diplomates basés à l'ONU, mais aussi à travers la Mongolie et la Chine. Ce sont deux pays dans lesquels, les diplomates américains et nord-coréens ont été amenés à se rencontrer. Mais, il y a peu de contacts directs. Il faudrait en urgence que les Américains soient capables d'envoyer une équipe pour dialoguer avec les autorités nord-coréennes à Pyongyang. Cela pourrait être une équipe composée de diplomates, mais aussi de hauts fonctionnaires du ministère américain de la Défense.

Les Nord-Coréens sont-ils disponibles pour discuter avec leurs voisins ou avec la Chine ?

Les Nord-Coréens ont refusé les appels au dialogue de la Corée du Sud. Ils considèrent que la question nucléaire est une question bilatérale avec les États-Unis. Cependant, ils demandent des préconditions pour le dialogue. Ils demandent que les États-Unis cessent leur diplomatie et leur politique hostiles à leur égard. Les Américains, de leur côté, réclament d'abord un gel du programme nucléaire. Par ailleurs, il n'y aurait pas de conflit entre les Nord-Coréens et les Américains. Un conflit serait forcément régional et les Sud-Coréens seraient aux premières loges, notamment la mégalopole de Séoul avec ses 25 millions d'habitants, ses centaines de milliers de ressortissants étrangers dont plus de 2 000 Français. C'est une ville vulnérable à l'artillerie conventionnelle, aux capacités chimiques de la Corée du Nord. La Corée du Sud serait une des grandes victimes de tout conflit dans la région.

"La Corée du Sud serait une des grandes victimes de tout conflit dans la région", Antoine Bondaz

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