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Donald Trump et le Covid-19 : "Il y a souvent eu une forme de mystère" autour de la santé des présidents américains, rappelle l'historien Thomas Snégaroff

Les messages contradictoires envoyés par l’entourage du président américain atteint du Covid-19 sèment le trouble depuis l'annonce de sa contamination.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Photo de Donald Trump diffusée le 4 octobre 2020 par la Présidence américaine le montrant au travail, dans un bureau de l'hôpital où il est admis. (AFP/ TIA DUFOUR / THE WHITE HOUSE)

Des interrogations subsistent au sujet de l’état de santé du président des États-Unis Donald Trump, atteint du Covid-19, malgré les déclarations de la Maison Blanche qui affirme que sa santé continue de s'améliorer. "C'est une communication cacophonique depuis le début. On nous a menti", a indiqué l’historien Thomas Snégaroff, spécialiste des Etats-Unis, lundi 5 octobre sur franceinfo. Une situation qui rappelle des précédents dans l’histoire des Etats-Unis : "Il y a souvent eu une forme de mystère" autour de l’état de santé des présidents américains, a expliqué l’historien Thomas Snégaroff au micro de franceinfo.

franceinfo : Pour quelles raisons y a-t-il une incertitude autour de l’état de santé de Donald Trump ?

Thomas Snégaroff : Il y a trois facteurs qui font qu'aujourd'hui, on est un peu dubitatifs face à tout ce que l'on nous dit. D'abord, Donald Trump, c'est des milliers de mensonges, compilés par les journalistes américains depuis qu'il est à la tête de la première puissance économique et géopolitique du monde. Il y a déjà un doute sur la parole présidentielle. Deuxième facteur : c'est la communication cacophonique depuis le début. On nous a menti. Ça on le sait, sur l'oxygénation nécessaire du président vendredi, sur la fièvre qui était faible puis importante. Donc il y a au sein même du corps médical des doutes. Il faut savoir aussi que le médecin personnel du président des États-Unis est en règle générale un militaire et le président des États-Unis et le "commander-in-chief" (commandant en chef). Donc, il y a un rapport hiérarchique quasiment d'autorité à soumission entre le président et son médecin. Le troisième facteur qui peut aussi nous pousser à douter, c'est le rapport permanent de Donald Trump à son corps. Il a déjà menti sur sa santé. On sait qu’il avait lui-même rédigé un rapport médical selon lequel son médecin personnel expliquait qu'il avait un corps extraordinaire, d'un jeune homme de 20 ans et qu'il pourrait vivre jusqu’à 200 ans. Il veut tellement montrer à quel point il est fort que l'on est en droit de se demander sans tomber dans le complotisme un peu facile si la parole présidentielle peut être dans le cas présent prise ou non pour juste.

Est-ce nouveau dans l’histoire des Etats-Unis que des doutes existent sur l’état de santé du président ?

Il y a souvent eu une forme de mystère et une défense "d’un certain corps" du président. En juillet 1985, le président Ronald Reagan s’était fait opérer de polypes cancéreux mais la Maison Blanche donnait l’impression d’un président en pleine forme, une forme "du tonnerre" comme on l’entend dans une archive. On disait un peu la même chose à l’époque, à savoir que le président était en capacité de gouverner. Ça rappelle un peu les photos de Donald Trump dans l’hôpital, histoire de dire qu’il n’y a pas besoin de mettre en place le 25e amendement, celui qui prévoit de transférer le pouvoir au vice-président si le président n’est pas en état quelques temps.

Est-ce qu’il y a eu d’autres histoires du genre ?

Oui, dans l'histoire, il y a des éléments qui sont troublants. Woodrow Wilson, président pendant la Première Guerre mondiale est victime en 1919 d'une attaque et est incapable de gouverner. C'est sa femme elle-même qui va prendre les commandes. Les médecins vont mentir. Il n'y a pas d'archives qui évoque le véritable état de santé de John Kennedy parce que c'était tellement couvert que personne ne le savait. Il y a aussi le cas de Franklin Delano Roosevelt, président pendant la Seconde Guerre mondiale, qui était en fauteuil roulant pendant des années sans que personne ne le sache vraiment dans le public. On vendait aux Américains, un peu comme pour Trump aujourd’hui, la virilité d’un homme qui avait vaincu la polio. Et puis encore plus dramatique, quelque chose qu’on ne disait pas à l’époque : il avait un cancer. Et quelques mois après sa quatrième élection, il meurt de cette maladie, créant un vide politique à cause d’un mensonge électoral.

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