Etats-Unis : Donald Trump peut-il être démis de ses fonctions pour "maladie mentale" ?
Mise en ligne la semaine passée par un psychologue américain, une pétition pour le départ de Donald Trump de la Maison Blanche recueille, jeudi, plus de 15 000 signatures.
"Nous, professionnels de la santé mentale, pensons que Donald Trump présente de sérieux problèmes mentaux qui l'empêchent de mener à bien ses fonctions de président des Etats-Unis." Le 26 janvier, un psychologue américain a lancé une pétition sur le site Change.org (en anglais), pour demander que le président américain quitte la Maison Blanche.
"Nous demandons qu'il soit relevé de ses fonctions, en vertu de l'article 3 du 25e amendement de la Constitution américaine", écrit John Gartner, un psychologue américain. Jeudi 2 février, plus de 15 900 personnes, présentées comme spécialistes de la santé mentale, ont signé cette pétition en ligne. Mais un président américain peut-il être vraiment être démis de ses fonctions pour des "problèmes mentaux" ? Un diagnostic à distance est-il viable ? Eléments de réponses.
La Constitution américaine ne le mentionne pas
Si John Gartner s'appuie sur la Constitution américaine, cette dernière ne stipule pas qu'un président puisse être démis de ses fonctions pour "incapacité mentale". Selon l'article 3 du 25e amendement (en anglais), sur lequel le professionnel s'appuie, le président des Etats-Unis "peut faire connaître par écrit son incapacité d'exercer le pouvoir et de remplir ses devoirs" au président du Sénat et au président de la Chambre des représentants, et peut être ainsi remplacé par le vice-président.
Il paraît peu probable que Donald Trump, entré en fonction il y a à peine deux semaines, rédige donc un courrier aux présidents du Congrès pour faire part de son "incapacité" à gouverner, alors qu'il affirmait durant sa campagne qu'il serait, entre autres, "le plus grand président de l'emploi que Dieu ait jamais crée", reprend L'Express. De plus, on a du mal à croire que Donald Trump justifiera lui-même cette incapacité par des troubles mentaux dont il souffrirait.
Aucun diagnostic n'a été effectué en présence de Donald Trump
Autre problème, selon des psychologues et psychiatres opposés à cette démarche : aucun des professionnels qui affirment que Donald Trump présente des signes de troubles mentaux ne l'a rencontré. "Ils ont passé en revue le DSM (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, outil de référence en psychiatrie) et lui ont trouvé plusieurs symptômes : manque d'empathie, narcissime, besoin d'admiration... Et c'est vrai que Trump est tout cela", explique le professeur de psychiatrie Allen Frances à Psychology Today (en anglais).
Constantly saying Trump's crazy wrong & misses point.
— Allen Frances (@AllenFrancesMD) 30 janvier 2017
He doesn't meet DSM Narcisssistic criteria(I wrote them).
Its worse-he's bad,not mad. https://t.co/izsw4Yy6Vu
"Mais ils oublient le point essentiel dans la définition des troubles mentaux : ils doivent provoquer de la souffrance et une déficience chez le patient." Est-ce le cas chez le président ? "Trump ne présente aucun de ces symptômes (...) Trump n'est pas fou", répète le chercheur. Dire que Trump est fou est une insulte envers les personnes qui soufffrent de maladie mentale, dont la plupart sont bien intentionnées et polies. Trump n'est rien de cela", écrit Allen Frances dans un tweet.
Calling Trump crazy also insults people who suffer from mental illness, most of whom are well meaning & well mannered.
— Allen Frances (@AllenFrancesMD) 30 janvier 2017
Trump is neither.
Les psychologues doivent obtenir une autorisation d'examen
De plus, rappelle The Independent (en anglais), selon l'APA, l'Association américaine de psychiatrie, "il est contraire à l'éthique, pour un psychiatre, de donner son opinion professionnelle en public, à moins qu'il ait procédé à un examen ou ait obtenu une autorisation".
De manière générale, "les psychiatres et les psychologues ne sont pas censés révéler publiquement leur diagnostics de personnalités sans avoir examiné la personne", reprend le journal. Dans le passé, ceux qui ont enfreint cette règle ont d'ailleurs été sanctionnés, ou évincés de l'APA.
Le plus célèbre précédent remonte à 1964, à la suite de la campagne présidentielle opposant Lyndon Johnson au républicain Barry Goldwater. Quelque 1 189 psychologues avaient, dans un article, déclaré ce dernier "psychologiquement inapte", qualifiant le candidat de "paranoïaque" et "dangereusement lunatique". L'article publié dans la revue Fact a conduit l'APA à créer en 1973 "la règle Goldwater", pour éviter que des faits similaires se reproduisent.
"Les psychiatres pensaient politique. On était contre Goldwater", déclare l'un d'entre eux à The Independent. Aujourd'hui, nombre d'entre eux se prononcent pour la fin de cette règle, reprend le Huffington Post (en anglais). Pour d'autres, il serait "plus utile d'examiner le système qui l'a (Donald Trump) mis au pouvoir, plutôt que son système mental."
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