Joueur de baseball, conseiller de Mike Tyson et golfeur tricheur : Donald Trump, un sportif à la carrière contrariée
La mèche blonde la plus célèbre des Etats-Unis aurait pu s'illustrer sur d'autres terrains que l'immobilier et la politique. A chaque fois, ça s'est joué à rien.
La presse satirique américaine en a fait ses choux gras. "Exclusif ! Choc ! Donald Trump a joué au soccer à l'université !", titre le Washington Free Beacon, photo de l'équipe de la New York Army Academy – cuvée 1964 – à l'appui. Si, si. Le chantre des valeurs américaines s'est bien adonné au ballon rond, ce sport d'Européen "à petit score" à l'âge de 17 ans, "quand la plupart des Américains l'abandonnent autour de 9 ans, parce que c'est naze". Et ce n'est pas la seule facette du parcours sportif très riche de Donald Trump, toujours grand favori de la primaire républicaine alors que s'approche le Super Tuesday, mardi 1er mars.
Le jour où Trump a failli devenir joueur professionnel
Dans les années soixante, sous les couleurs de la NYMA, le jeune Donald Trump excelle aussi au basket et au baseball. Au point que les Phillies et les Red Sox, deux des meilleures équipes du continent, dépêchent des recruteurs pour observer le phénomène Trump, qui envoie sa balle à 100 km/h. "Je sortais de l'entraînement avec des bleus", se remémore Ted Levine, un des camarades de "DT", cité par Business Insider. Le colonel Ted Dobias, lui, se souvient dans Rolling Stone de la réaction de son poulain : "Il voulait poursuivre ses études, et gagner beaucoup d'argent."
Trump, qui ne veut plus parler de cette période pour "ne pas se vanter", confie dans la même phrase qu'il était "le meilleur athlète" du lot. Sur MTV, en 2010, il expliquait ne pas regretter son choix : "J'aurais pu devenir joueur de baseball professionnel. Heureusement, j'ai préféré tenter ma chance dans l'immobilier."
Le jour où Trump a coulé un championnat de foot américain
Riche à milliards, il s'offre en 1984 le club des New Jersey Generals, qui évolue dans une des deux ligues américaines de foot américain à l'époque, l'USFL. Ce qui ne s'appelle pas à l'époque le buzz est immédiat. "J'engage un directeur général pour gérer mon entreprise qui pèse un milliard de dollars, j'ai droit à un entrefilet dans les journaux. J'engage un coach pour mon équipe, 60 ou 70 journalistes me demandent une interview !", fait-il mine de se lamenter dans le New York Times. Deux ans plus tard, Trump engage un bras de fer audacieux contre la NFL, l'autre ligue, qui monopolise les droits télé. Il gagne en justice, mais l'amende est tellement dérisoire – un chèque de trois dollars de dommages et intérêts, qui n'a jamais été encaissé – que l'USFL coule corps et biens.
Trump en gardera une dent contre la NFL : "Ils me voyaient comme un milliardaire retors, cupide et machiavélique", persifle-t-il dans son best-seller, The Art of the Deal. Beaucoup pensent que Trump et son ego démesuré sont les principaux responsables de cette débâcle. "Il était comme une pompe à air sur un pneu, compare Charley Steiner, un commentateur sportif de l'époque. Il a d'abord donné de l'air à la ligue, l'a fait monter à un autre niveau, mais a continué d'envoyer de l'air jusqu'à l'explosion."
On ne reverra plus Trump dans le football américain, qu'il dénigre désormais à chaque occasion. Comme lors d'un meeting à Reno : "Le football américain est devenu mou. Comme notre pays en somme..." Les tacles et les corps de joueurs qui volent, c'était mieux avant, poursuit-il, cité par ABC. "Maintenant, les arbitres lèvent leur drapeau tout le temps, pour que leurs femmes les voient à la télé."
Le jour où Trump a voulu sauver Mike Tyson
A la fin des années 1980, il prend sous son aile un certain Mike Tyson. Tout le monde est gagnant : les casinos de Trump, à Atlantic City, accueillent plusieurs combats d'"Iron Mike" moyennant des sommes colossales versées au camp Tyson. Malgré des gains faramineux, le boxeur se retrouve sur la paille, et s'adresse au milliardaire. Une expérience qu'il regrettera, en témoigne ce passage de son livre La Vérité et rien d'autre : "Une très mauvaise idée. Trump ne comprenait rien au monde de la boxe, aux droits étrangers, aux droits télévisuels, etc." Les ponts ne sont pas rompus. Condamné pour le viol d'une mineure à Indianapolis en 1992, Tyson se retrouve sous la menace de 60 ans de prison. L'un des rares à prendre sa défense s'appelle Donald Trump... dont un casino devait accueillir le combat au sommet contre Evander Holyfield.
Le milliardaire évoque devant la presse l'idée de laisser combattre Tyson, et de prélever une part des gains pour les victimes de viol, dont Desiree Washington. Incrédulité dans la salle. Un journaliste lève la main : "Si votre sœur était violée par un millionnaire, vous l'encourageriez à accepter un gros paquet de cash pour tout oublier ?" Réponse embarrassée de Trump : "Je crois... que chaque situation est différente." L'idée finira aux oubliettes, Tyson aussi. Les deux hommes sont toujours amis. Trump était à la fête démentielle donnée pour les trente ans de Tyson – "Il y avait tout le monde, d'Oprah Winfrey à Donald Trump, de Jay-Z à des maquereaux accompagnés de leurs putes", écrit le boxeur. Vingt ans plus tard, juste après que Trump propose d'interdire l'accès des Etats-Unis aux musulmans, Tyson, lui-même musulman, apportait son soutien à Trump pour la primaire.
Le jour où Trump s'est fait griller en train de tricher au golf
Trump a depuis longtemps troqué la batte de baseball pour les clubs de golf. Il possède une trentaine de parcours dans le monde, dont les plus prestigieux. Et s'est autoproclamé président des golfeurs, dans une interview à Golf Channel : "Le monde du golf m'apporte un formidable soutien, car ils savent que j'ai raison." Il brille presque autant sur les greens que du temps de sa flamboyante jeunesse, mais affirme détenir le record (en amateur) de son 18-trous floridien de West Palm Beach. Il aurait un handicap de 4 (ce qui est remarquable), encore que Forbes, qui a enquêté sur le sujet, n'a pas trouvé de feuille de score signée de son nom.
Voilà pour la version officielle. Car toutes les personnes qui ont joué avec le milliardaire vous diront qu'il est aussi charmant sur le court qu'agressif sur un plateau télé... mais qu'il triche. Le magazine Q a demandé au rocker Alice Cooper quelle était la personnalité qui trichait le plus sur les greens. "Si seulement je pouvais vous le dire... Ça serait un choc terrible. J'ai joué une fois avec Donald Trump. C'est tout ce que je peux dire." Le journaliste Rick Reilly, auteur de plusieurs livres sur le golf, confirme au Washington Post : "Sur une échelle de la tricherie allant de 1 à 10, il serait à 11. Le golf, c'est comme un short cycliste, ça en dit beaucoup sur une personne." Trump a commencé par rire de ces accusations – "Je triche pour me maintenir à niveau, car ils trichent encore plus que moi" – avant de changer de stratégie et de nier en bloc. Pourtant, ça ne lui portera pas forcément préjudice. Bill Clinton était connu pour sa propension à avoir des balles dans ses poches, au cas où...
Ça se verra toujours moins que lorsqu'il étale son ami milliardaire Vince McMahon, patron de la WWE, au bord d'un ring de catch, d'un seul coup de poing...
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