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Procédure de destitution de Donald Trump : les démocrates veulent le rendre "inéligible pour qu'il ne soit pas là en 2024", affirme un chercheur

Les parlementaires démocrates veulent lancer lundi une procédure d'"impeachment" contre le président sortant, moins de quinze jours avant la fin de son mandat. Selon Jean-Eric Branaa, ils veulent "restaurer le pouvoir du Congrès" après l'envahissement du Capitole.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump, le 4 janvier 2021. (MANDEL NGAN / AFP)

Aux États-Unis, la majorité démocrate à la Chambre des représentants prévoit de déposer lundi 11 janvier les articles d'une procédure de destitution contre Donald Trump, après les émeutes menées mercredi par les partisans du président sortant au Capitole, à Washington. Les parlementaires démocrates veulent "rendre Donald Trump inéligible pour qu'il ne soit pas là en 2024", a expliqué vendredi sur franceinfo Jean-Eric Branaa, spécialiste des États-Unis, maître de conférences à l’université Assas-Paris II. 

franceinfo : Pourquoi les démocrates veulent-ils faire partir Donald Trump quelques jours seulement avant la passation de pouvoir ?

Jean-Eric Branaa : Il faut regarder ce qui s'est passé. Le représentant d'une branche du Congrès, l'exécutif, le président des États-Unis, a appelé à s'attaquer à une autre branche du Congrès, le Capitole. On ne peut pas laisser passer. C'est le pire du pire. On est dans la destruction même de cette république qui a été construite par une révolution avec l'idée que les hommes pouvaient vivre ensemble, à condition d'avoir justement ces trois branches du pouvoir qui permettent cette vie ensemble et cette démocratie. C'est ça que les démocrates aujourd'hui veulent restaurer : le pouvoir du Congrès, son honneur et surtout l'équilibre entre les trois branches qui font que leur Constitution peut continuer à être vénérée par tous les Américains et leur permettre de vivre ensemble et de continuer à faire un bout de chemin sans se déchirer les uns les autres.

À douze jours de la cérémonie d'investiture, est ce que l'opération des démocrates peut aboutir ?

Elle peut aboutir parce qu'en réalité, on parle beaucoup des 12 jours. Mais s'il s'agit d'un "impeachment". Il y a de nombreux cas dans l'histoire américaine, où l'"impeachment" a dépassé le mandat de celui qui était accusé. L'ensemble de la procédure est disciplinaire. Elle est censée réparer un tort. Le tort ne s'arrête pas parce que la personne a terminé son mandat. On a récemment un juge qui a été jugé presque quasiment à la fin de son mandat. Il a démissionné le jour même de sa mise en accusation. La procédure a continué parce que, ce que voulait le Congrès à ce moment-là, c'était le rendre inéligible. Et c'est bien ce que les parlementaires ont en tête actuellement aux Etats-Unis, c'est de rendre Donald Trump inéligible pour qu'il ne soit pas là en 2024.

Dans quelle situation se trouve Donald Trump aujourd'hui, selon vous ? Il est réellement isolé ?

Oui, il est totalement isolé. On le voit, ça s'écroule de tous les côtés. Les démissions pleuvent. On en est à 14 ou 15 au dernier comptage. Il y en aura encore plus dans l'administration et puis dans les ministres, même s'il y a beaucoup d'appels pour que les ministres restent en place, pour que l'administration fonctionne jusqu'au 20 janvier. Mais c'est vrai que beaucoup ne veulent pas voir leur nom attaché à ce président. Désormais, c'est vraiment quelqu'un qu'on ne veut plus approcher.

Donald Trump a aussi annoncé qu'il n'assisterait pas à l'investiture de son successeur Joe Biden. Le président élu lui a répondu que c'était une bonne chose.

Joe Biden a même rajouté que "pour une fois, on est d'accord. C'est une bonne idée qu'il ne vienne pas". Mais la Constitution ne prévoit pas que l'ancien président soit là pour serrer la main au nouveau. Mais en réalité, cela se passe comme ça depuis le début de la république, depuis que John Adams a été battu par Jefferson. C'étaient deux frères ennemis de camps opposés. Et à ce moment-là, à la première investiture, alors qu'ils se haïssaient copieusement l'un et l'autre, elle s'est passée dans le calme, dans la paix. C'était vraiment le signe que cette démocratie fonctionnait.

Le fonctionnement de Donald Trump ne s'associe pas à un fonctionnement démocratique. C'est bien ce que beaucoup lui reprochent depuis le départ. Il n'a pas compris la Constitution.

Jean-Eric Branaa

à franceinfo

C'est très regrettable. Ça restera une vraie tache dans l'histoire, cette sortie de mandat totalement ratée, totalement chaotique et qui salit l'image de la démocratie.

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