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Tenus à l'écart par Donald Trump, les journalistes de la Maison Blanche s'inquiètent

Jeudi 10 novembre, l’association des journalistes de la Maison Blanche s'est fendue d’un communiqué pour demander à Donald Trump plus de transparence. Depuis le résultat de l'élection, ils ont été tenus à l'écart par le futur président.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Donald Trump et Barack Obama, à la Maison Blanche, le 10 novembre 2016 (WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Ce n’est pas une loi, mais une tradition. Partout où il va, le locataire de la Maison Blanche emmène avec lui un petit groupe de journalistes. Premier couac jeudi 10 novembre : après la rencontre avec Barack Obama, Donald Trump, tout frais vainqueur de l'élection présidentielle américaine, a disparu des radars médiatiques.

L'association des journalistes de la Maison Blanche demande de la transparence

"J’ai reçu deux emails de son équipe, raconte, dépité, Edward-Isaac Dovere, le correspondant de Politico dans la capitale américaine. Le premier email me confirmait que Donald Trump dormait à Washington. Quelques heures plus tard, le deuxième me disait que finalement il avait changé d’avis et qu’il était à New-York. C’est tout. Ensuite, la seule info qu’on ait eue, c’est qu’il avait une journée chargée... parce que c’est ce qu’il a tweeté."

Edward-Isaac Dovere, correspondant à la Maison Blanche pour le site Politico, en novembre 2016 (RADIO FRANCE / ISABELLE LABEYRIE)

Suite à cet incident, l’association des journalistes de la Maison Blanche s'est fendue d’un communiqué pour demander transparence et respect des usages au futur président, qui ne s'était pas privé de critiquer vertement et faire huer les médias durant toute sa campagne. "Suivre le président, rapporter ses faits et gestes, les analyser, c’est un gage de démocratie", explique le commentateur politique de CNN, Wolf Blitzer, scandalisé par l'attitude de Donald Trump.

"Il est important que les journalistes soient présents pour le cas où un événement se produit ou que quelque chose arrive au président, acquiesce de son côté Jeff Mason, le président de l’association des journalistes de la Maison Blanche. Par exemple, le 11 septembre 2001, la presse était avec George W. Bush dans son Air Force One. Elle a pu informer le pays et le monde entier que le président était en sécurité."

Le premier amendement de la constitution garantit la liberté de la presse. Et c’est pour ça qu’on se bat

Jeff Mason

président l’association des journalistes de la Maison Blanche

Les journalistes en sont conscients : durant ses deux mandats, Barack Obama n'a pas non plus fait preuve de la plus grande transparence à leur égard. "Les journalistes se sont souvent plaints d’être écartés. Obama a refusé que certaines informations soient rendues publiques, souligne Edward-Isaac Dovere. Mais ce n’est absolument pas comparable avec ce qu’on voit maintenant ! Et avec ce qui nous attend avec un président comme Trump."

Après le 20 janvier, la "grande inconnue"

Le républicain sera officiellement investi président des États-Unis le 20 janvier. Comment se comportera-t-il après cette date ? "C'est la grande inconnue", relativise Jérôme Cartillier. Ce journaliste à l’AFP est l’un des rares étrangers à être accrédité de façon permanente à la Maison Blanche. Lui voit dans l'attitude de Donald Trump à l'égard des médias "un mélange de réelle défiance et de manque de préparation". "Son élection a été une surprise pour tout le monde", explique-t-il. Et le futur président "n'a pas encore les équipes pour gérer" ses relations avec les médias.

Aveuglés pendant la campagne présidentielle, incapables de voir se profiler la victoire du candidat républicain, les médias ont perdu beaucoup de leur crédit aux États-Unis. À tel point que les partisans de Donald Trump se délectent aujourd’hui de ce nouveau pied de nez aux traditions médiatiques. 

Trump et les médias, "c'est un énorme point d'interrogation" : Jérôme Cartillier, journaliste à l'AFP accrédité à la Maison Blanche

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